Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ganaoui Nawel

9 juin 2009

Le texte : Une pollution, est une dégradation du


                

Le texte :

            Une pollution, est une dégradation du milieu naturel, provient toujours totalement ou partiellement de l'action humaine. Il existe plusieurs manières de classer les différentes pollutions.   On peut les ordonner par types et catégories de polluants (physiques, chimiques ou biologiques) ou bien tenter de les ranger et de les trier selon les milieux qu'elles atteignent et bouleversent (sol, eau, atmosphère).
               La pollution chimique est engendrée par des rejets de produits chimiques à la fois d’origine industrielle et domestique. Lorsque du pétrole s'échappe d'un bateau et pollue les plages et les mers, c'est une pollution chimique.est engendrée par des rejets de produits chimiques à la fois d’origine industrielle et domestique. Dans ce qui suit, on déterminera les polluants responsables qu'ils soient organiques ou inorganiques.
Les micropolluants chimiques organiques sont représentés essentiellement par:
Les hydrocarbures, Les pesticides, Les détergents

   La pollution chimique commence à montrer ses effets en grand. Il faut dire que les études sont de plus en plus nombreuses sur le sujet. Ainsi une étude menée en Californie et rapportée par le HSE daily, montre que pendant la seule année 2004, 200 000 californiens étaient en phase terminale de maladies (cancer emphysème...) directement due à leur exposition à des produits chimiques dangereux sur leur lieu de travail et 4 400 personnes en étaient mortes. De plus, on compte pas moins de 240 000 cas de maladies déclarées par des enfants exposés à la pollution chimique dans leur environnement.
Voilà pour le coût humain.Le coût des soins médicaux et des pertes financières induites pour les adultes (perte de salaire, etc.) est quant à lui estimé à 2,6 milliards de dollars.

             La pollution est un feu qui mange tous  surtout la pollution chimique pour se là il faux prendre des discisions international bien précise  être attention l’ore de transport des produits chimique pour protéger la aquatique et surtout la vie humaine.

Les questions :

Compréhension de l’écrit :

1-Proposé un titre au texte

2-Qui remplace les élément souligner au texte .

-qui

-leur

-qui

3-Relever deux pronoms relatifs du texte

Compréhension de la langue :

1-Conjuguer les verbes de l’énonce suivant au futur simple

Une pollution, est une dégradation du milieu naturel, provient toujours totalement ou partiellement de l'action humaine.

2-Relever le champ lexical du mot( pollution ; l’environnement )

3-reécriver se passage d’un autre façon

   L’organisation internationale de la protection de la nature déclara : « les usines doit bien servir leurs rejet »

4-classer dans un tableau les verbes et former a partir d’eux des nom et des adj. s’il est possible.

Publicité
Publicité
8 juin 2009

Une crise économique une période de

Une crise économique une période de ralentissement de l'activité économique faisant suite à une période d’expansion. Une crise économique est caractérisée par une diminution généralement brutale de la production et du taux de croissance, et par une augmentation du taux de chômage. Les économistes considèrent qu'un pays est en situation de crise économique lorsque la croissance économique de celui-ci est négative durant deux trimestres consécutifs Même si aujourd'hui, les plus grand économistes, travaillant au sein d'organismes gouvernementaux, font tous ce qui est dans leur pouvoir pour éviter une déflagration de l'économie, certains facteurs économiques font en sortes qu'il est difficile d'éviter les catastrophes menant vers de potentielles crises économiques Par contre, pour d'autres, la situation de crise économique s'ouvre comme une mine d'or à leurs yeux. Même si l'économie en général se dit mauvaise en soi, certains secteurs prennent de l'expansion et profite de cette crise économique. Par exemple, les produits substituts sont un des secteurs les plus profitables, autant pour les consommateurs que pour les producteurs. C'est une réaction instinctive que la population a face à une montée significative des prix en circonstance de récession économique. Si par exemple, l'automobile devient un produit de luxe parce que l'essence n'est plus abordable, les autres transports monétairement plus accessibles prendront le dessus comme le métro ou l'autobus. Les gens doivent s'adapter aux changements tout au long de la crise économique. Il faut savoir flairer les bonnes affaires pendant cette crise économique. La crise immobilière des États-Unis, par exemple, a incroyablement fait diminuer le prix des maisons et condos. C'est le bon moment, pour ceux qui ont les moyens, d'investir leur argent. La valeur du parc immobilier américain est sur le point Posté par cherif44 à 12:28 - TICE - Commentaires [0] - Rétroliens [0] - Permalien [#]
2 juin 2009

FICHE CATEGORIQUE

LE TEXTE :

Une crise économique  une période de ralentissement de l'activité économique faisant suite à une période d’expansion. Une crise économique est caractérisée par une diminution généralement brutale de la production et du taux de croissance, et par une augmentation du taux de chômage.

                    Les économistes considèrent qu'un pays est en situation de crise économique lorsque la croissance économique de celui-ci est négative durant deux trimestres consécutifs
Même si aujourd'hui, les plus grand économistes, travaillant au sein d'organismes gouvernementaux, font tous ce qui est dans leur pouvoir pour éviter une déflagration de l'économie, certains facteurs économiques font en sortes qu'il est difficile d'éviter les catastrophes menant vers de potentielles crises économiques
Par contre, pour d'autres, la situation de crise économique s'ouvre comme une mine d'or à leurs yeux. Même si l'économie en général se dit mauvaise en soi, certains secteurs prennent de l'expansion et profite de cette crise économique.
Par exemple, les produits substituts sont un des secteurs les plus profitables, autant pour les consommateurs que pour les producteurs. C'est une réaction instinctive que la population a face à une montée significative des prix en circonstance de récession économique. Si par exemple, l'automobile devient un produit de luxe parce que l'essence n'est plus abordable, les autres transports monétairement plus accessibles prendront le dessus comme le métro ou l'autobus. Les gens doivent s'adapter aux changements tout au long de la crise économique.

           Il faut savoir flairer les bonnes affaires pendant cette crise économique. La crise immobilière des États-Unis, par exemple, a incroyablement fait diminuer le prix des maisons et condos. C'est le bon moment, pour ceux qui ont les moyens, d'investir leur argent. La valeur du parc immobilier américain est sur le point

1 juin 2009

1 PRÉSENTATION Phonétique , nom donné à la

1

PRÉSENTATION

Phonétique , nom donné à la discipline qui étudie les sons des langues humaines du point de vue de leur production et de leur réception.

La production et la réception des sons se font à trois niveaux : linguistique (élaboration du message par le locuteur, identification et intégration des données par l'auditeur), physiologique (activités neuromusculaires nécessaires aux actes d'élocution et d'audition) et acoustique (propriétés physiques des signaux sonores lors de l'émission et de la réception). La phonétique s'intéresse plus particulièrement aux niveaux acoustique et physiologique qui déterminent trois types d'analyse : une analyse acoustique pour le premier, une analyse articulatoire et une analyse auditive pour le second.

2

PHONÉTIQUE AUDITIVE

À l'origine, la phonétique a d'abord été une phonétique auditive, prenant pour point de départ la réception des sons par l'auditeur. Cette méthode empirique, reposant sur un vocabulaire imprécis, est tombée en désuétude. Sous le terme de phonétique auditive, on désigne également un second type d'analyse, utilisée aujourd'hui et qui, par des tests acoustiques, cherche à comprendre comment l'ensemble des sons sont interprétés par l'oreille.

3

PHONÉTIQUE ARTICULATOIRE

La phonétique articulatoire, travaillant non plus sur l'audition, mais sur la manière dont les sons sont articulés, c'est-à-dire sur la dimension physiologique de la production des sons, correspond à une orientation moderne des études phonétiques. Dans cette perspective physiologique, elle prend en compte la totalité des organes dits de la parole. Ces organes sont tout d'abord l'appareil respiratoire et le larynx, en l'occurrence les cordes vocales, dont la vibration permet la sonorisation, ou voisement, dans le cas des consonnes sonores ou des voyelles, puis les organes mobiles : la langue (on distingue la pointe de la langue, ou apex, et le dos de langue), les lèvres, le voile du palais et la luette. Par ailleurs, on prend en compte le point d'articulation, c'est-à-dire l'endroit de la cavité buccale vers lequel se dirige le dos de la langue lors de l'articulation d'un son. Les fosses nasales peuvent également jouer un rôle de résonateur dans l'émission de certains sons, qu'il s'agisse de voyelles ou de consonnes. Le phénomène de la nasalisation par exemple consiste en un abaissement du voile du palais permettant de laisser passer une partie de l'air par le nez.

4

PHONÉTIQUE ACOUSTIQUE

La phonétique dite acoustique, autre orientation moderne, étudie quant à elle les vibrations sonores lors de la transmission des sons, dans le but de mettre en évidence la relation entre les propriétés physiques des ondes sonores de la parole et le fonctionnement du code linguistique.

5

CONSTITUTION DES VOYELLES ET DES CONSONNES


Répartis en consonnes et en voyelles, les sons du français sont organisés en syllabes, chaque syllabe devant comporter une voyelle qui en constitue le centre. Les sons se prononcent dans le cadre de la syllabe et non isolément.

La différence entre les voyelles et les consonnes réside en ce que, lors de l'émission des consonnes, l'air provenant des poumons rencontre un obstacle. Cet obstacle peut consister en une fermeture totale (occlusion) ou bien en un resserrement (constriction). Par ailleurs, les consonnes peuvent être sonores ou sourdes, alors que les voyelles, en principe toujours sonores, sont caractérisées par une vibration des cordes vocales et un libre passage de l'air dans le canal buccal.

Dans l'articulation des voyelles dites palatales, la partie antérieure du dos de la langue s'élève vers le palais dur. Dans celle des voyelles dites vélaires, la partie postérieure du dos de la langue s'élève vers le voile du palais. On les classe en fonction de leur degré d'aperture, c'est-à-dire de l'écartement des mâchoires au point d'articulation. On distingue ainsi des voyelles fermées : i, y, u, voyelles mi-fermées é, eu (de feu), o (de dos), mi-ouvertes è, eu (de peur), o (de robe) et ouvertes a, â. Le e muet, s'il est prononcé, a une articulation voisine de celle de eu (de peur). Le français possède aussi une série de voyelles nasales in, an ou en, un et on.

Parmi les consonnes, on distingue :

— une série d'occlusives sourdes (c'est-à-dire articulées sans qu'il y ait vibration des cordes vocales) p, t, k et une série parallèle d'occlusives sonores b, d, g (de guerre). L'opposition terme à terme des consonnes de ces séries se fait sur la base de ce seul critère sourd / sonore. P et b sont toutes les deux des occlusives bilabiales, c'est-à-dire que leur articulation met en œuvre les deux lèvres, mais p est une consonne sourde alors que b est une consonne sonore ;

— deux séries de constrictives sourdes s, ch, f ou sonores z, j, v ;

— des sonantes, caractérisées par un obstacle articulatoire faible. Les sonantes, comme leur nom l'indique, sont toutes sonores. Elles consistent en une série de nasales m, n, gn, en une consonne dite latérale l et en une vibrante r.

Il existe par ailleurs des sons intermédiaires, dits semi-consonnes ou glides, comme le son ï de paille, le son w de roi et u de luire, et dont le point d'articulation est intermédiaire entre le point d'articulation d'une voyelle et celui d'une consonne.

31 mai 2009

Publicité
Publicité
31 mai 2009

31 mai 2009

31 mai 2009

Antiquité 1 PRÉSENTATION . Antiquité, période de

Antiquité

1

PRÉSENTATION


.

Antiquité, période de l’histoire occidentale qui commence avec la naissance du monde grec vers 2000 av. J.-C., pendant l’âge du bronze, et s’achève à la fin de l’Empire romain d’Occident en 476 apr. J.-C.

L’expansion grecque puis l’occupation romaine  ont marqué la langue, les lois, l’organisation sociale, l’économie, les techniques des peuples colonisés du bassin méditerranéen et de l’Europe continentale. L’Antiquité gréco-romaine tient une grande place dans l’Europe occidentale qui y a puisé régulièrement ses modèles artistiques, scientifiques, intellectuels, politiques, juridiques, etc. La religion chrétienne nous vient de Rome. Le vocabulaire savant est entièrement formé à partir de mots grecs ou latins. L’Empire romain ne cessa d’être une source d’inspiration pour les gouvernants, de Charlemagne aux dernières entreprises colonialistes.

2

ÉTUDE DU MONDE ANTIQUE

L’héritage de l’Antiquité nous a été transmis par les clercs du Moyen Âge qui ont conservé et recopié les textes antiques en tant que sources de savoir et de sagesse (voir scriptorium). La découverte de nouveaux textes d’Aristote au XIIe siècle a modifié l’image de l’Homme et de la nature. L’explication du monde commença à se libérer des données bibliques, formant les prémices du naturalisme, de l’histoire et de l’humanisme. Ce mouvement s’amplifia en Italie, à

la Renaissance. En

1453, après la prise de Constantinople par les Turcs, les intellectuels de ce monde grec se réfugièrent en Occident, apportant des textes antiques et un autre art de vivre. Le goût pour l’Antiquité entraîna un renouveau littéraire (

la Pléiade

), intellectuel (l’humanisme) et artistique. En 1462, un édit du pape interdit la dégradation des monuments antiques.

Les trouvailles fortuites se succédèrent à la fin du XVe siècle et au XVIe siècle : l’Apollon du Belvédère, le Laocoon et ses fils (1506),

la Vénus

du Vatican, les catacombes des premiers chrétiens de Rome (1578), entre autres

(1503-1513) créa la collection du Belvédère au Vatican. L’intérêt se porta d’abord sur l’art romain et l’art de

la Grande-Grèce

(Italie du Sud et Sicile), plus proches. Les artistes français allèrent se former à Rome. Certains s’initièrent au sein de la villa Médicis, institution créée par Louis XIV. La copie d’antiques fit ainsi partie, jusqu’à il y a peu, du parcours « obligé » des étudiants des beaux-arts. Au XVIIe siècle se multiplièrent les voyages en Grèce. La contemplation et l’étude des œuvres gréco-romaines se concrétisèrent dans la création de l’art classique.

Mais cette approche esthétique de la civilisation gréco-romaine nuisit aux recherches archéologiques. Les fouilles menées au XVIIIe siècle — notamment à Herculanum, entre 1738 et 1766, et à Pompéi, entre 1748 et 1763 — et au XIXe siècle ne furent que de la récolte d’objets précieux et épigraphiques. Opposées aux vestiges gréco-romains très valorisés, les antiquités nationales furent dépréciées. Reprenant à leur compte les visions égocentristes et xénophobes des Grecs et des Romains, les historiens jugeaient qu’il n’existait point de civilisation hors celle des cités grecques et de l’Empire romain, et que l’Europe leur devait tout.

À la fin du XIXe siècle, les fouilles se multiplièrent en Italie (Herculanum, Pompéi, Ostie, Panthéon de Rome, Cumes, etc.), en Grèce (Mycènes, Délos, Olympie, l’Acropole d’Athènes, Épidaure, Delphes, Corinthe, Pella, Éleusis, etc.), et en Orient (Pergame, Milet, Éphèse, etc.) menées par des Allemands, des Français et des Britanniques. La fouille stratigraphique faisait ses débuts. Mais l’archéologue britannique Arthur John Evans à Cnossos et l’archéologue allemand Heinrich Schliemann à Hissarlik (voir Troie) et à Mycènes, entre autres, ne respectèrent pas cette méthode. Il en résulta de considérables lacunes et erreurs chronologiques, désormais impossibles à résoudre puisque les données de terrain manquent. La chronologie de la civilisation minoenne fut ainsi fondée sur une typologie de céramiques sans aucune considération stratigraphique. Les archéologues actuels constatent que des vases censés appartenir à des phases différentes étaient en fait contemporains.

L’École française d’archéologie d’Athènes, créée en 1846, assure aujourd’hui notamment les fouilles de Delphes, de Délos et d’Argos, mais aussi d’autres sites en Grèce, en Crète et à Chypre, et établit les cartes archéologiques de ces pays. En 1876 fut créée la chaire d’archéologie grecque à

la Sorbonne. Après

la Seconde Guerre

mondiale, la minutie croissante des fouilles, le déplacement de l’intérêt des archéologues vers l’histoire sociale et économique, la multiplication des sites connus et la meilleure connaissance des autres civilisations permirent de réajuster la conception des civilisations grecque et romaine, et leur relation avec les peuples qu’elles qualifiaient de « barbares ».

La civilisation grecque n’est pas née d’un miracle, comme on l’a souvent dit. Elle a ses racines dans les civilisations urbaines de

la Méditerranée

orientale dont elle a hérité le phénomène urbain (voir urbanisme), l’écriture, la structuration des connaissances, une part de sa mythologie et certains éléments de sa culture matérielle. Le but actuel des archéologues est de déterminer comment les Grecs ont assimilé ces apports orientaux et dans quelle mesure ont persisté leurs traditions propres. La même problématique est posée pour les Romains, indigènes italiques sous la forte influence des Grecs et des Étrusques. Et enfin, il s’agit de suivre l’évolution de la culture gréco-romaine au contact des autres peuples du pourtour méditerranéen, de l’Europe et de l’Asie, car, là encore, l’idée d’un échange à sens unique et du rôle « civilisateur » des uns au profit des autres est périmée.

L’uniformité du monde hellénisé et romanisé en matière d’organisation politique et sociale, de gestion du territoire, de l’urbanisme, de l’architecture, des modes de vie, des objets du quotidien, des cultes et croyances, de l’art, etc., masque une grande diversité. De multiples cultures hybrides se sont formées en fonction des réactions des indigènes, du groupe colonisateur et du moment de la colonisation.

3

MONDE GREC

3.1

Origines

Le monde grec résulte de nombreux et complexes mouvements migratoires qui débouchèrent sur des installations brèves ou durables des populations, ce qui explique sa diversité culturelle. Les premiers Grecs, ancêtres des Ioniens, étaient de langue indo-européenne. Ils déferlèrent sur

la Grèce

à la fin du IIIe millénaire, par le nord ou le nord-ouest, de façon apparemment brutale : les palais furent détruits, les habitats incendiés, les sites abandonnés ou réoccupés sommairement.

Des civilisations diverses prospéraient alors à Chypre, dans les Cyclades et en Crète, regroupées commodément, avec les Mycéniens dont la puissance s’affirma vers le milieu du IIe millénaire av. J.-C., sous le nom d’Égéens (voir égéenne, civilisation). Des palais aux forteresses « cyclopéennes » furent édifiés d’après le plan à « mégaron » indigène présent depuis la fin du néolithique : trois pièces en enfilade couvertes d’un toit à deux pentes, dont la dernière possède un foyer fixe central. De puissantes aristocraties se formèrent comme le montre la multiplication de tombes « royales » contenant de nombreux objets précieux, telles les tombes princières mycéniennes, célèbres pour leur imposante architecture et pour les masques d’or que portaient certains morts. Ces inhumations étaient signalées à la vue de tous par un tertre et une stèle.

Les archives du palais de Pylos (anciennement Navarin), des centaines de tablettes gravées en linéaire B, ont permis de mieux saisir le fonctionnement des monarchies mycéniennes — un roi entouré de dignitaires — et le système de répartition des terres — une partie réservée au roi et aux dieux, une autre attribuée aux dignitaires et le reste distribué périodiquement aux chefs de famille. Le linéaire B, écriture syllabaire, transcrit la langue grecque émaillée de vocabulaire d’origine non indo-européenne.

L’influence minoenne est particulièrement visible dans les arts mineurs. Le raffinement et la puissance de la civilisation crétoise attirèrent les Mycéniens, redoutables guerriers et marins, qui s’emparèrent de l’île vers 1450 av. J.-C. Ils s’implantèrent en même temps sur la côte de l’Anatolie, s’intégrant au fructueux réseau d’échanges méditerranéen avec les grands empires d’Orient. De la céramique mycénienne a été retrouvée en Libye, en Sicile, en Italie, en Sardaigne et sur les rives de la mer Noire. Les Grecs exportaient leur vin en échange de minerais, de bois et de céréales. Mais ils n’hésitaient pas à se procurer ce qu’ils convoitaient grâce au pillage et aux raids. Cette violence continue.

4

ORGANISATION DE LA ROME ROYALE

Rome

antique (République)

1

PRÉSENTATION

Rome antique (République), période de l’histoire romaine durant laquelle l’État romain a été régi par une République entre 510 av. J.-C. et 27 av. J.-C., après l'expulsion de Tarquin le Superbe, le dernier des rois de Rome.

2

CONQUÊTE DE L'ITALIE (510-264 AV. J.-C.)

composée de familles patriciennes et plébéiennes riches, et l'admission au Sénat devint le privilège héréditaire de ces familles. Le Sénat, qui à l'origine ne jouissait que de pouvoirs administratifs restreints, devint un puissant organe de gouvernement, traitant de guerre et de paix, des alliances étrangères, de la fondation de colonies et de la gestion des finances de l'État. Même si l'arrivée de cette nouvelle nobilitas mit un terme aux luttes entre les deux classes, la situation des familles plébéiennes les plus pauvres ne s'améliora pas, et le contraste de plus en plus marqué entre les riches et les pauvres conduisit aux luttes entre le parti aristocratique et le parti populaire dans les derniers temps de

la République.

Institutions de

la Rome

républicaine

La politique extérieure romaine durant cette période fut principalement axée sur la conquête et l'expansion. Avant la fin de la période royale, Rome était devenue la principale puissance du Latium. Aidés de leurs alliés, les Romains se battirent contre les Étrusques, les Volsques et les Èques. Entre 449 et 390 av. J.-C., Rome devint particulièrement conquérante. La prise de la cité étrusque de Véies en 396 av. J.-C. par Camille marqua le début de la perte d'indépendance de l'Étrurie. D'autres cités étrusques s'empressèrent de faire la paix et, au milieu du IVe siècle av. J.-C. des garnisons romaines stationnaient dans le Sud de l'Étrurie et un grand nombre de colons romains s'était établi dans la région. Des victoires sur les Volsques, les Latins et les Herniques permirent aux Romains de contrôler l'Italie centrale et les mirent aux prises avec les Samnites d'Italie méridionale, qu'ils battirent au cours de trois guerres, entre 343 et 290 av. J.-C. Une révolte des Latins et des Volsques fut matée et, en 338 av. J.-C.

la Ligue

latine, une confédération des cités du Latium déjà ancienne, fut dissoute. De puissantes coalitions, composées d'Étrusques, d'Ombriens, de Gaulois au nord, de Lucaniens, de Bruttiens et de Samnites au sud, se formèrent contre Rome et menacèrent sa puissance jusqu'à la défaite de la confédération du Nord en 283 av. J.-C. et des États du Sud peu après. En 281 av. J.-C., la colonie grecque de Tarente fit appel à Pyrrhus, roi d'Épire, contre Rome. Ses campagnes en Italie et en Sicile entre 280 et 276 av. J.-C. se soldèrent par un échec et Pyrrhus reprit le chemin de

la Grèce. Au

cours des dix années suivantes, les Romains achevèrent leur conquête de l'Italie méridionale et prirent le contrôle de l'ensemble de la péninsule jusqu'à l'Arno et le Rubicon au nord.

3

UNE PUISSANCE MONDIALE (264-133 AV. J.-C.)

En 264 av. J.-C., Carthage gouvernait un empire maritime s'étendant jusqu'à l'Espagne. Les guerres puniques qui eurent lieu entre Rome et Carthage avaient pour enjeu l'hégémonie en Méditerranée occidentale.

La première des guerres puniques portait sur la possession de

la Sicile

et fut marquée par l'émergence de Rome comme grande puissance navale. Avec le soutien de Hiéron II, roi de Syracuse, les Romains s'emparèrent d'Agrigente et, en 260 av. J.-C., leur flotte flambant neuve commandée par le consul Caius Duilius battit la flotte carthaginoise lors de la bataille de Myles. Le déplacement de la guerre sur le sol africain provoqua la défaite et la capture du général Marcus Atilius Regulus. Après plusieurs défaites navales, les Romains remportèrent une victoire décisive en 242 av. J.-C. au large des îles Égades, à l'ouest de

la Sicile. La

guerre s'acheva en 241 av. J.-C. par la cession aux Romains de la partie carthaginoise de

la Sicile

, qui devint une province romaine et fut la première possession de Rome à l'étranger.

La Sardaigne

et

la Corse

furent prises à Carthage et annexées comme provinces peu après. Carthage prépara une reprise des hostilités en acquérant un point d'appui en Espagne. Sous la direction d'Hamilcar Barca, elle occupa la péninsule Ibérique jusqu'au Tage, au nord. Le gendre d'Hamilcar, Hasdrubal, poursuivit son œuvre de conquête jusqu'à sa mort en 221 av. J.-C. et, entre 221 et 219 av. J.-C., Hannibal étendit les conquêtes de Carthage au nord, jusqu'à l'Èbre. La deuxième guerre punique débuta en 218 av. J.-C., lorsque Hannibal entra en Italie, il infligea aux Romains une série de défaites et ravagea la majeure partie de l'Italie méridionale durant plusieurs années. Rappelé en Afrique en 202 av. J.-C. pour faire face à Scipion l'Africain, qui avait assiégé Carthage, il fut vaincu à la bataille de Zama. Carthage dut rendre sa flotte, céder l'Espagne ainsi que ses îles de Méditerranée, et payer une très lourde indemnité.

Rome exerça un contrôle plus strict des communautés italiennes placées sous sa direction, tandis que les cités grecques du sud de l'Italie qui avaient épaulé Hannibal devenaient des colonies romaines. Elle continua également à accroître sa puissance vers le nord. Entre 201 et 196 av. J.-C., les Celtes de la vallée du Pô furent soumis, et leur territoire fut latinisé, bien qu'eux-mêmes fussent empêchés d'acquérir la citoyenneté romaine.

La Corse

et

la Sardaigne

furent conquises, et l'Espagne fut occupée militairement, une pratique qui donna naissance à la première armée permanente romain

4

LUTTES INTESTINES 133-27 AV. J.-C.

Plusieurs familles plébéiennes extrêmement riches s'arrangèrent avec les anciennes familles patriciennes pour que les hautes charges de l'administration et le Sénat leur soient réservées à l'exclusion de toute autre ; on les appela les optimates. Cette classe gouvernante aristocratique devint égoïste, arrogante et attachée au luxe. La disparition progressive des paysans, provoquée par la croissance de grands domaines, la pratique de l'esclavage et la dévastation du pays par la guerre, conduisit au développement d'un sous-prolétariat urbain incapable d'avoir une opinion politique. Les conflits entre le parti aristocratique et le parti populaire étaient inévitables. Les tentatives des tribuns de la plèbe Tiberius Sempronius Gracchus et son frère Caius Sempronius Gracchus, pour soulager la détresse économique des citoyens les plus pauvres par le biais de réformes des lois agraires et céréalières, se soldèrent par des émeutes au cours desquelles les deux frères furent tués, Tiberius en 133 av. J.-C. et Caius en 121 av. J.-C.

Rome

antique (Empire)

1

PRÉSENTATION

Rome antique (Empire), période au cours de laquelle l’État romain et les provinces d’outre-mer furent sous la souveraineté d’un empereur, et qui s’étend, pour l’histoire unifiée du domaine romanisé, du moment où Octave, ou Octavien, reçut le titre d’« Auguste » en 27 av. J.-C., jusqu'à la chute de l'Empire d'Occident en 476 apr. J.-C.

2

AUGUSTE ET LES EMPEREURS JULIO-CLAUDIENS

résulta de la concentration entre les mains d’Auguste de l’ensemble des pouvoirs républicains (voir République romaine). La date de naissance de l’Empire, très controversée, se situerait entre la victoire décisive d’Octave, le fils adoptif de Jules César, sur Marc Antoine à la bataille d’Actium, en septembre 31 av. J.-C., et l’obtention de la puissance tribunicienne (voir Tribun) et de l’imperium majus que le Sénat accorda à Octave en 23 av. J.-C. Le mérite de l’empereur est d’avoir su imposer cette concentration des pouvoirs qui n’annihilait pas la tradition républicaine, mais lui permit d’assurer le retour à l’ordre après un demi-siècle de guerres civiles quasi ininterrompues.

2.1

Auguste et les fondements de la pax romana

L’Empire succéda donc à

la République. Auguste

, avec le titre de princeps, ou premier des citoyens, maintint théoriquement

la Constitution

de la république jusqu’en 23 av. J.-C., date à laquelle il exerça l’autorité effective à travers la puissance tribunicienne et le pouvoir suprême sur toutes les armées (ou imperium). Le Sénat conserva le contrôle de Rome, de l’Italie et des provinces pacifiées. Les provinces frontalières, où il était nécessaire de maintenir des légions, étaient gouvernées par des légats, nommés et supervisés par Auguste en personne (voir Armées romaines). La corruption et le chantage qui avaient sévi dans l’administration des provinces au cours du dernier siècle de

la République

furent réprimés, ce qui profita grandement à la prospérité des provinces.

Auguste mit en œuvre de nombreuses réformes sociales pour restaurer les traditions morales et l’intégrité du peuple romain ; il s’efforça de combattre la licence des mœurs et chercha à rétablir les cultes anciens (voir Romaine, mythologie). Il orna Rome de temples, de basiliques et de portiques, et fit, selon ses propres mots, « d’une cité de briques une cité de marbre » (voir Romain, art). Pour les Romains, une ère de paix et de prospérité semblait s’amorcer. La période augustinienne représente l’âge d’or de la littérature latine, caractérisée par les œuvres en vers de Virgile, d’Horace et d’Ovide, ou en prose de Tite-Live, dont la monumentale Histoire de Rome (Ab Urbe condita). (voir Auguste, siècle d’).

2.2

Les successeurs d’Auguste

Avec la mise en place du gouvernement impérial, l’histoire de Rome s’identifie largement avec le règne personnel des empereurs. La question successorale fut l’un des points noirs du long règne d’Auguste, qui perdit successivement tous les prétendants putatifs. La pratique de l’adoption systématique de ses dauphins permit cependant de trouver, en la personne de Tibère, un successeur déjà expérimenté dont la compétence politique avait été éprouvée par l’exercice de différentes magistratures au service de l’empereur ; Tibère succéda à son père adoptif en 14 apr. J.-C. Grand administrateur, il provoqua cependant l’aversion et la suspicion générales, en particulier chez les sénateurs, et s’appuya essentiellement sur son pouvoir militaire, tenant en alerte à Rome sa garde prétorienne, seules troupes autorisées à l’intérieur de la cité ; le préfet de la garde, Séjan, manqua même de le renverser. Tibère fut le premier empereur à s’éloigner volontairement de la ville, qu’il gouvernait depuis Capri.

Son successeur fut Caligula, empereur jeune et instable, qui régna de 37 à 41 ; les comportements étranges, souvent humiliants pour les sénateurs, de ce personnage extravagant furent peut-être guidés par une conception orientale et théocratique du pouvoir. Plus encore que Tibère, Caligula renforça le culte impérial.

Un complot de sénateurs ayant mit fin au règne de Caligula, le titre impérial passa ensuite à son oncle, Claude Ier, dont le règne (41-54) fut marqué par la conquête de

la Bretagne

(l’actuelle Grande-Bretagne), et qui poursuivit les travaux publics (voir Voies romaines) et les réformes administratives entrepris par César et Auguste. Lettré, consciencieux, probablement soucieux de préserver les institutions mises en place par Auguste et d’intégrer les élites provinciales au gouvernement de l’Empire, Claude souffrit des activités de ses deux dernières épouses, Messaline et surtout Agrippine qui finit probablement par le faire empoisonner.

Féodalité

1

PRÉSENTATION

qui domine la société médiévale et, partiellement, le monde moderne jusqu’à

la Révolution

française.

Contrairement au terme « féodalisme », le mot féodalité, tel qu’il apparaît pour la première fois au XVIIe siècle, qualifie le système politique, économique et social progressivement mis en place à partir de la fin du Xe siècle en Europe. Symbolisée par la concession d’une terre, la féodalité s’oppose au féodalisme, que Karl Marx définit comme un mode de production lié à un système de domination sociale, utilisant l’esclavagisme et le capitalisme.

2

LES ORIGINES

2.1

Émiettement du pouvoir

Même si le Japon a connu une structure comparable, la féodalité reste une spécificité occidentale. Elle se développe pour résoudre la violence née de la dissolution de la monarchie carolingienne et de l’émiettement de l’autorité, ou ban public, en une multitude de circonscriptions territoriales.

Les rois carolingiens du IXe siècle, en déléguant leurs pouvoirs aux ducs et aux marquis pour conduire les hommes libres à la guerre, et aux comtes pour présider les assemblées de justice, utilisent les premiers ces liens vassaliques de dévouement personnel. Ils transforment alors en vassaux les représentants du ban royal dans les provinces, en exigeant un engagement de fidélité exclusive, en échange des terres jusqu’ici perçues comme simple rétribution. De même, ils poussent les membres des noblesses locales à se lier de la même manière aux comtes.

Tout un réseau de dévouements individuels se tisse progressivement et remplace les obligations publiques. Cette politique se pérennise, puisque le souverain ne peut refuser à l’un des héritiers d’une délégation royale de reprendre la charge paternelle. C’est ainsi que s’établissent des lignages comtaux et que se créent des principautés autonomes au Xe siècle. Puis, à leur tour, les comtes se détachent des ducs avant que ne se créent une multitude de cellules indépendantes.

Autour de l’an mil, les maîtres des principales forteresses, soutenus par leurs compagnies vassaliques, cessent de se réunir autour du comte et s’approprient le pouvoir de commander et de punir les populations villageoises. Le droit de commander et de punir se trouve désormais distribué en un grand nombre de territoires minuscules.

Les comportements féodaux atteignent progressivement les diocèses et les abbayes. Cette entrée dans le monde temporel des gens d’Église glisse jusqu’à l’intervention de laïcs dans l’investissement de charges ecclésiastiques et provoque, à la fin du XIe siècle la querelle des Investitures. De surcroît, la violence des temps féodaux amène l’Église à pacifier la société vassalique en imposant la « paix de Dieu », sorte de respect des codes dans l’art guerrier comme l’interdiction d’investir les édifices religieux ou de combattre à certaines dates. En échange, elle justifie le genre de vie et l’entretien de la société féodale par ordres.

2.2

Apparition du fief et de la vassalité

Le poids économique de la terre permet alors à cette vaste aristocratie terrienne d’asseoir son autorité nouvelle sur un système de subordination et de concession de territoires. C’est ainsi qu’apparaît la féodalité, caractérisée par le fief et le contrat vassalique. La vassalité est un engagement d’aide, de conseil et de fidélité tenu à un seigneur, qui offre en contrepartie une terre à son nouveau vassal. Le fief est cette seigneurie rurale, mise en valeur par des paysans soumis au feudataire, qui détient sur eux des droits que l’on désigne du nom de « droits seigneuriaux ». Le vassal devient à son tour le seigneur d’autres hommes. Ce système de patronage était déjà utilisé, dans l’Antiquité, par les grandes familles aristocratiques (clientélisme romain). Les seniores germaniques ont aussi usé d’une structure de subordination en employant des guerriers domestiques d’humble extraction, dont ils obtenaient la fidélité et le dévouement en contrepartie de l’entretien de l’équipement et du cheval.

Lumières, siècle des

1

PRÉSENTATION

Lumières, siècle des, période de l’histoire de la culture européenne correspondant au XVIIIe siècle.

Le siècle des Lumières est marqué par le rationalisme philosophique et l’exaltation des sciences, ainsi que par la critique de l’ordre social et de la hiérarchie religieuse, soit les principaux éléments de l’idéologie politique à l’œuvre pendant

la Révolution

française.

L’expression « siècle des Lumières » apparaît dès le xviiie siècle ; elle est fréquemment employée par les écrivains de l’époque, convaincus qu’ils viennent d’émerger d’une longue période d’obscurité et d’ignorance et d’entrer dans un nouvel âge illuminé par la raison, la science et le respect de l’humanité. Déjà, au xviie siècle, René Descartes préconisait de penser à la « seule lumière naturelle », et non plus selon des schémas divins ou surnaturels.

2

LES PRÉCURSEURS

Les philosophes rationalistes du xviie siècle, tels que René Descartes et Baruch Spinoza, les philosophes politiques Thomas Hobbes et John Locke, et certains penseurs sceptiques en France, comme Pierre Bayle, peuvent être considérés comme les précurseurs du siècle des Lumières, bien que certains éléments de leurs doctrines s’opposent aux conceptions empiristes et antiautoritaires des penseurs du xviiie siècle. Les découvertes scientifiques et le relativisme culturel lié à l’étude des civilisations non européennes ont également contribué à la naissance de « l’esprit des Lumières ».

3

LA RAISON ET

LE PROGRÈS

La plus importante des hypothèses et espérances communes aux philosophes et intellectuels des Lumières est incontestablement la foi inébranlable dans le pouvoir de la raison humaine. La découverte de la gravitation universelle par Isaac Newton (à la fin du xviie siècle) bénéficie notamment d’un écho considérable au xviiie siècle ; en effet, si l’humanité est en mesure de révéler les lois de l’Univers, elle peut espérer découvrir les lois propres à la nature et à la société humaine ; grâce à l’usage judicieux de la raison s’ouvre la perspective d’un progrès perpétuel dans le domaine de la connaissance, des réalisations techniques et des valeurs morales.

Dans le sillage de la philosophie de John Locke, les penseurs du xviiie siècle considèrent, à la différence de René Descartes, que la connaissance, loin d’être innée, procède uniquement de l’expérience et de l’observation guidées par la raison. Ils affirment que l’éducation a le pouvoir de rendre les hommes meilleurs et même d’améliorer la nature humaine. Désormais, la recherche de la vérité doit se poursuivre par l’observation de la nature plutôt que par l’étude de sources autorisées telles qu’Aristote et

la Bible.

S’ils voient dans l’Église, et en particulier dans l’Église catholique romaine, la principale force qui a tenu l’esprit humain dans l’esclavage par le passé, la plupart des penseurs des Lumières ne renoncent pas complètement à la religion. Ils adoptent plutôt une forme de déisme, acceptant l’existence de Dieu et d’un au-delà, mais rejettent les arcanes de la théologie chrétienne. Selon eux, les aspirations humaines ne doivent pas porter sur un avenir lointain, mais sur les moyens d’améliorer la vie présente. Aussi le bonheur sur terre est-il placé au-dessus du salut religieux. Les penseurs des Lumières n’attaquent rien avec autant de violence et de férocité que l’Église, sa richesse, son pouvoir politique et sa volonté d’entraver le libre exercice de la raison.

4

UNE MÉTHODE DE PENSÉE

Plus qu’un ensemble d’idées déterminées, les Lumières relèvent d’une attitude, d’une méthode de pensée. Selon Emmanuel Kant, le mot d’ordre du siècle doit être « ose savoir » : le désir de réexaminer et de remettre en question toutes les idées et valeurs reçues, d’explorer de nouvelles idées dans des directions différentes, doit être permanent.

Cette démarche d’ouverture délibérée à tous les champs de la connaissance n’est pas sans provoquer incohérences et contradictions dans les écrits des penseurs des Lumières. Ceux-ci ne sont pas tous philosophes à proprement parler ; ils sont plutôt des vulgarisateurs qui s’engagent à diffuser des idées nouvelles. Ils se plaisent à se qualifier de « parti de l’humanité » et, pour s’attirer les faveurs de l’opinion publique, écrivent des pamphlets et des tracts anonymes et rédigent des articles pour des revues et des journaux fraîchement créés.

31 mai 2009

acte de langage 1 PRÉSENTATION acte de langage,

acte de langage

1

PRÉSENTATION

acte de langage, action exercée par la parole (on parle aussi, dans ce même sens, d’« acte de parole »).

2

« QUAND DIRE, C’EST FAIRE »

Selon la pragmatique, le langage ne se réduit pas à un simple code visant à exprimer la pensée et à échanger des informations. Il est également le siège où s’accomplissent des actes qui visent à modifier la réalité. Ainsi, en disant Je baptise ce bateau Queen Elizabeth (en brisant la bouteille sur la coque), je ne fais pas que parler, mais j’accomplis, en parlant, un véritable acte de baptême (à la suite de cet acte, ce navire s’appellera Queen Elizabeth). De même, lorsque le juge d’un tribunal déclare La séance est ouverte, il accomplit un véritable acte de parole, qui consiste à ouvrir la séance (la séance n’est réputée ouverte qu’à la suite de cette formule).

À côté de ces actes de parole qui, pour s’accomplir, nécessitent un contexte social approprié, il existe toute une série d’actes, dits « ordinaires », que le langage accomplit sans exiger des conditions aussi spécifiques. Ainsi, en proférant Je t’ordonne de te taire ou Quelle heure est-il ?, j’accomplis, par le fait même de dire, des actes réels (ordre, question), qui prétendent influer sur mon interlocuteur en l’amenant à faire ou à dire quelque chose.

3

LES DIFFÉRENTS TYPES D’ÉNONCÉS

3.1

Performatif vs constatif

C’est le philosophe anglais J. L. Austin qui, le premier, a introduit la notion d’acte de langage. Au départ, Austin distingue deux types d’énoncés affirmatifs :

— les constatifs, qui décrivent le monde, et peuvent, par conséquent, recevoir la sanction vrai / faux :

(1)

La Terre

est ronde.

— les performatifs, qui ne décrivent rien (et ne peuvent donc pas recevoir une valeur de vérité), mais accomplissent une action :

(2) Je te promets de venir.

3.2

Performatif explicite vs performatif implicite

Au cours de sa réflexion, Austin s’est aperçu qu’à côté des performatifs explicites comme (2), il existe des performatifs implicites. Un énoncé comme (3) :

(3) Je viendrai.

peut être compris comme une promesse, qui ne se distingue alors de (2) que par le caractère implicite de l’acte de promesse accompli.

Parallèlement, proférer (1), ce n’est pas simplement rapporter un fait, mais aussi affirmer la réalité de ce fait. Or, l’affirmation est aussi une action qui engage la responsabilité du locuteur. L’énoncé (1) est en effet comparable à (4) :

(4) J’affirme que la terre est ronde.

Cela signifie que les énoncés constatifs accomplissent également des actes de langage. La distinction entre performatif et constatif n’étant plus aussi tranchée, Austin se propose de l’abandonner en profit d’une théorie générale des actes de langage.

4

LES ACTES LOCUTOIRE, ILLOCUTOIRE ET PERLOCUTOIRE

Dans le cadre de la théorie des actes de langage, Austin distingue trois types d’actes accomplis grâce au langage :

— un acte locutoire, qui correspond au fait de dire, dans le sens de produire de la parole (en articulant et en combinant des sons et des mots selon les règles de la grammaire) ;

— un acte illocutoire que l’on accomplit en disant quelque chose : j’accomplis un acte de promesse en disant Je promets, de questionnement en employant une interrogative, d’ordre en employant un impératif, etc. ;

— un acte perlocutoire qui correspond à l’effet produit sur l’interlocuteur par l’acte illocutoire. En posant une question, je peux m’attendre, au niveau perlocutoire, à toute une série de réactions possibles : je peux, par exemple, obtenir la réponse demandée, mais aussi une non-réponse, une contestation de la part de l’interlocuteur sur mon droit de lui poser des questions, etc.

La notion d’acte de langage est une notion centrale qui a donné naissance à la pragmatique. Depuis J. L. Austin, elle n’a pas cessé de susciter relectures et commentaires, à la fois chez les philosophes du langage (notamment J. R. Searle, disciple d’Austin), et chez certains linguistes, parmi lesquels il convient de citer Émile Benveniste et Oswald Ducrot.

communication

1

PRÉSENTATION

communication, dans un sens large, toute opération de transfert ou d’échange d’informations entre un « émetteur » et un « récepteur ».

Dans ce sens, la communication ne se réduit pas à l’échange verbal, puisqu’il existe bien d’autres systèmes de communication, aussi bien humains (l’écriture Braille, la signalisation routière, les cartes, etc.), que non humains (par exemple, la danse des abeilles).

Quel que soit le type de communication, le transfert d’informations n’est possible que si émetteur et récepteur partagent, au moins partiellement, le code (c’est-à-dire le système de signes) dans lequel a été transcrit le message.

2

DIFFÉRENTS TYPES DE COMMUNICATION

Telle qu’elle vient d’être définie, la communication constitue un phénomène omniprésent, que l’on rencontre chez tous les organismes vivants. Par exemple, les différents signaux (olfactifs, sonores, visuels) que les animaux émettent (pour protéger leur territoire, échanger des informations concernant les sources de nourriture, rechercher un partenaire sexuel, etc.) seront considérés comme étant des manifestations de la communication animale.

Chez l’Homme, la communication ne se réduit pas non plus à des échanges verbaux, puisque, en dehors même de la langue des signes, nous émettons et recevons sans cesse, entre autres, des signaux visuels (postures, gestes, mimiques) et tactiles (les différents touchers, de la poignée de main aux caresses amoureuses). Ces signaux peuvent remplacer certains énoncés verbaux, mais peuvent aussi les accompagner ou les illustrer (comme dans les gestes illustratifs : « un poisson gros comme ça »), voire les contredire (par exemple dans certains types d’ironie).

3

LA COMMUNICATION LINGUISTIQUE

La communication verbale, capacité spécifique de l’espèce humaine, est le mode principal de communication entre les hommes, et utilise le langage naturel.

Elle peut être définie par un certain nombre de caractéristiques. En premier lieu, elle suppose chez les interlocuteurs un équipement anatomique (un appareil vocal et un appareil auditif, constitués d’un certain nombre d’organes périphériques) et, surtout, un équipement neurophysiologique particulier.

C’est cet équipement qui donne au langage naturel sa caractéristique principale, à savoir sa nature articulée. Selon beaucoup de linguistes, cette caractéristique permet de distinguer le langage humain de la communication animale, dans la mesure où seul le premier utilise des unités articulées entre elles : les phonèmes (les plus petites unités distinctives) et les morphèmes (ou monèmes, c’est-à-dire les plus petites unités porteuses de sens). La double articulation du langage naturel permet ainsi de distinguer la communication verbale de tous les autres types de communication.

4

LE SCHÉMA DE COMMUNICATION SELON JAKOBSON

Les premières théories de la communication ont été élaborées au milieu du xxe siècle par des ingénieurs américains qui cherchaient des solutions aux problèmes techniques liés à la perte d’informations (notamment lors de la transmission télégraphique).

Les modélisations qu’ils ont proposées, de portée très générale, ont inspiré plusieurs linguistes, dont Roman Jakobson qui a proposé le schéma de communication le plus simple et le plus connu :

Dans ce schéma, on peut identifier un destinateur (émetteur) qui émet un message à un destinataire (récepteur). Le message est transmis grâce à l’existence d’un code (la langue) partagé par les deux participants qui, pour qu’il y ait transmission d’informations, doivent obligatoirement entrer en contact (un contact qui suppose une connexion physique et psychologique). L’ensemble s’inscrit dans un contexte (verbal ou susceptible d’être verbalisé) (Voir aussi fonctions du langage).

connecteur

1

PRÉSENTATION

connecteur, notion d’origine logique qui désigne en linguistique tout élément servant à relier entre elles des propositions, ou, plus généralement, des séquences textuelles.

2

DÉFINITION

Il s’agit d’unités lexicales appartenant à diverses catégories grammaticales : conjonctions de coordination (et, mais, etc.) et de subordination (parce que, puisque, etc.) ; adverbes (alors, finalement) ; groupes prépositionnels (d’une part, en tout cas, etc.). Ces unités ont pour point commun de ne pas faire partie intégrante des propositions, et de contribuer à la structuration d’un texte en établissant toutes sortes de liens logico-sémantiques entre ses séquences, ce qui permet de les regrouper au sein de la classe des connecteurs.

En reliant des propositions ou des séquences textuelles, le connecteur permet d’expliciter la relation qui s’établit entre elles. Dans une phrase comme Je pense, donc je suis, le connecteur donc marque une relation de consécution.

3

CLASSEMENT DES CONNECTEURS

On propose pour les connecteurs plusieurs classifications concurrentes, qui varient sensiblement d’un travail à l’autre.

3.1

Classifications de type fonctionnel

Certaines se fondent sur un critère fonctionnel, en opposant deux classes de connecteurs selon le rôle qu’ils jouent : d’une part, ceux qui jouent un rôle dans l’exposition, comme les connecteurs rhétoriques (d’abord, ensuite, enfin, d’une part, d’autre part, etc.) et les connecteurs métatextuels (voir ci-dessous, ci-dessus, ci-joint, etc.) ; d’autre part, les connecteurs qui jouent un rôle dans la démonstration et l’argumentation (en effet, en revanche, ainsi, etc.).

3.2

Classifications de type logico-sémantique

D’autres classifications se fondent plutôt sur le type de lien logico-sémantique qui s’établit entre les propositions. Là aussi, les listes établies diffèrent sensiblement selon les auteurs. On peut, à titre d’illustration, en présenter les principales classes généralement distinguées :

— les connecteurs temporels, qui s’emploient principalement pour marquer l’organisation chronologique des événements décrits : et, puis, alors, ensuite, etc.

— les connecteurs spatiaux, qui marquent la localisation spatiale : ici, en bas, à gauche, etc.

— les connecteurs argumentatifs, qui explicitent les liens logico-sémantiques entre les séquences textuelles. Ces liens sont de différents types : ils peuvent exprimer l’opposition ou la concession (mais, pourtant, quand même, etc.), l’explication et / ou la justification (car, parce que, puisque, etc.), la conclusion (donc, aussi, ainsi, etc.), etc.

— les connecteurs énumératifs, qui permettent de recenser une série d’éléments (d’abord, ensuite, enfin, et, ou, aussi, également, de même, etc.)

— les connecteurs de reformulation, qui indiquent la reprise de ce qui a été dit précédemment (autrement dit, en un mot, en somme, en résumé, etc.).

Il convient de préciser que ces classifications sont loin d’être étanches, puisqu’un même connecteur peut se ranger dans plusieurs classes sémantiques. C’est que la valeur exacte d’un connecteur est en grande partie déterminée par le type de texte où il est employé. Par exemple, le connecteur alors joue un rôle conclusif (analogue à donc) dans un texte argumentatif, et un rôle chronologique dans un texte narratif.

Cours de linguistique générale [Ferdinand de Saussure]

Cours de linguistique générale [Ferdinand de Saussure], ouvrage publié par C. Bally et A. Séchehaye en 1916, qui constitue une recomposition synthétique de l’enseignement de Ferdinand de Saussure à l’université de Genève.

Bally et Séchehaye rendent compte de la linguistique de Saussure en faisant un travail de reconstitution à partir de notes prises par ses élèves entre 1906 et 1911. Le Cours de linguistique générale s’intéresse à la notion de langue, « la langue envisagée en elle-même et pour elle-même ».

Pour exprimer la spécificité de la langue, Saussure considère celle-ci comme un système, c’est-à-dire un ensemble dont toutes les parties sont interdépendantes ; en même temps, il inaugure la notion de signe linguistique. Ce signe est composé d’un signifié (le concept) et d’un signifiant (« l’empreinte psychique du mot »). Un signifié n’existe pas sans un signifiant, et inversement ; Saussure a montré le caractère indissociable des deux éléments du signe par la célèbre image de la feuille de papier dont « on ne peut découper le recto sans en découper en même temps le verso ».

C’est sur cette notion de signe que s’échafaude toute la linguistique saussurienne. Saussure élabore ainsi les unités de phonème, de morphème ou encore de syntagme,et il montre comment la langue peut être appréhendée selon deux points de vue opposés, l’un synchronique et l'autre diachronique. La perspective synchronique étudie la langue dans son fonctionnement effectif en un temps donné, tandis que la dimension diachronique s’intéresse à la langue dans son évolution.

On a souvent dénoncé les limites, voire l’absurdité, d’une œuvre construite à partir de notes d’élèves, mais en même temps personne n’a jamais remis en question l’importance d’une telle reconstruction qui a révélé ce qui compose les fondements de la linguistique moderne.

dénotation et connotation

1

PRÉSENTATION

dénotation et connotation, ensemble des significations premières et dérivées d’un signe linguistique.

2

LA DÉNOTATION

En philosophie du langage, la dénotation d’une unité lexicale désigne l’ensemble des objets du monde auxquels elle renvoie. Dans ce sens, la dénotation peut être identifiée à la référence. Par exemple, le mot homme dénote la classe d’objets du monde ayant la propriété d’être des hommes.

Depuis Hjelmslev, les linguistes ne posent plus généralement le problème en termes de rapports entre le signe et son éventuel référent extralinguistique, et, s’intéressant exclusivement à la constitution interne du signe, définissent la dénotation comme étant le rapport unissant un signifiant (l’expression) à son signifié (le contenu). Ce rapport de signification est supposé stable et théoriquement partagé par l’ensemble de la communauté linguistique en question. C’est donc la dénotation qui constitue le garant du contenu conceptuel du lexique d’une langue.

3

LA CONNOTATION

La connotation se définit, par opposition à la dénotation, comme l’ensemble des significations secondes et variables selon les contextes qui s’attachent aux signes linguistiques, et viennent s’ajouter à leur sens ordinaire (ou dénotatif).

Ainsi, si l’on prend le terme mère, on constate qu’à côté du sens premier qu’il dénote — « une femme qui a mis au monde un ou plusieurs enfants » —, on lui attache souvent des valeurs métaphoriques qui expliquent son emploi dans des expressions comme la mère patrie, la maison mère, etc. Ces emplois sont possibles dans la mesure où ce terme suggère — ou évoque — une série de significations secondes, de type « amour », « protection », etc., qui se superposent à son sens premier.

Il en est de même pour un terme comme nuit, qui dans son sens strict dénote l’espace de temps qui s’écoule entre le coucher et le lever du soleil, mais qui, dans certains contextes, notamment dans le langage poétique, évoque les notions de « tristesse », de « mort », ou d’« ignorance » : Dans la nuit où nous sommes tous, le savant se cogne au mur (Anatole France).

On pourrait ainsi multiplier les exemples de valeurs connotatives qui se superposent aux valeurs dénotatives des termes.

4

LES CARACTÉRISTIQUES DU LANGAGE CONNOTATIF

Contrairement au langage dénotatif, la connotation se présente comme un langage instable, à la fois sur le plan du contenu et sur celui de l’expression. Sur le plan du contenu, on constate qu’un signifiant connotatif donné n’est pas attaché au même signifié. L’effet de sens produit peut, en effet, varier considérablement d’un groupe à l’autre, voire d’un individu à l’autre. Sur le plan de l’expression, les signifiants connotatifs ne coïncident pas toujours avec les signifiants dénotatifs, puisqu’ils englobent, outre les unités lexicales, toute une série d’éléments de divers ordres.

On trouve ici des facteurs qui relèvent, par exemple, du registre de la langue. Ainsi, si les mots chien et clébard désignent le même animal, ils se chargent de sens connotatifs distincts, et peuvent ainsi nous renseigner sur l’origine sociale du locuteur et / ou sur la situation de communication.

Le sens connotatif peut être véhiculé par des facteurs phonétiques (par exemple, le ton sur lequel est prononcée une phrase apporte une information importante, qui peut être en contradiction avec le sens dénotatif) ou syntaxiques (par exemple, l’emploi d’une phrase de type *l’homme que je t’ai parlé, jugée inacceptable en français standard, nous renseigne sur le niveau culturel de son énonciateur).

D’autres éléments extralinguistiques (comme la gestuelle, les mimiques, etc.) peuvent également avoir un sens connotatif.

énonciation

1

PRÉSENTATION

énonciation, processus de production linguistique d’un énoncé par un individu donné, dans une situation de communication précise. L’énonciation s’oppose ainsi à l’énoncé comme s’oppose l’action à son résultat.

2

LES CARACTÉRISTIQUES DE L’ÉNONCIATION

Si l’étude strictement linguistique d’un énoncé peut se passer des circonstances réelles de sa production, l’étude de l’énonciation implique par définition la prise en considération d’un certain nombre de facteurs relatifs à la communication, au premier rang desquels il convient de citer :

• les acteurs de la communication, c’est-à-dire le locuteur (ou l’énonciateur) et l’allocutaire (ou le destinataire) ;
• la portion du temps chronologique où a lieu l’acte d’énonciation ;
• le lieu spécifique où se situent les acteurs de la communication ;
• plus généralement, tout élément dont la présence dans la situation de communication est considérée comme pertinent dans le processus d’énonciation.

La prise en compte de ces différents facteurs ouvre de nouvelles perspectives de recherche pour la linguistique.

3

QUELQUES THÈMES DE RECHERCHE DE

LA LINGUISTIQUE

ÉNONCIATIVE

Comme le souligne Émile Benveniste, l’énonciation implique que le locuteur « mobilise la langue pour son compte ». Cela revient à considérer l’énonciation comme un processus individuel d’actualisation (ou de mise en action) de la langue dans une situation précise. Plusieurs linguistes, dont Benveniste et Jakobson, se sont alors intéressés à l’étude de faits de langue qui renvoient à la situation d’énonciation. On retrouve ainsi l’un des thèmes privilégiés de la linguistique énonciative, à savoir l’étude des embrayeurs, c’est-à-dire la classe des éléments linguistiques qui, tout en appartenant à la langue, nécessitent, pour être interprétés, la prise en compte de la situation d’énonciation (les pronoms personnels je et tu, les adverbes déictiques temporels et spatiaux de type maintenant, aujourd’hui, ici, à côté, etc.). Cet axe de recherche s’est développé d’une manière considérable ces dernières années, et s’est montré particulièrement fécond dans les études sur la temporalité.

Un autre axe de recherche tout aussi important concerne la façon dont l’énonciateur se situe par rapport à son énoncé, à son interlocuteur, et au monde. C’est que l’énonciation ne se réduit pas à une simple transmission d’information, mais implique, entre autres, de la part du locuteur une certaine manière de présenter le contenu de son énoncé. On rencontre ici, dans la tradition française, un certain nombre de concepts énonciatifs fondamentaux, dont l’un des plus importants est sans doute la distance, plus ou moins grande, que le locuteur instaure avec son énoncé. Un énonciateur peut en effet totalement prendre en charge le contenu de son énoncé — par exemple par l’emploi du pronom personnel je, ou par l’emploi de certains verbes performatifs (voir acte de langage), etc. —, comme il peut marquer vis-à-vis de ce contenu une certaine réserve, voire un rejet total. Cette non-prise en charge peut par exemple être marquée par certains emplois du conditionnel et par l’usage des adverbes de modalité de type sans doute, peut-être, etc. Cet axe de recherche a donné naissance, ces dernières années, à l’une des théories énonciatives les plus prometteuses : la théorie polyphonique, introduite notamment par Oswald Ducrot.

Il convient enfin de préciser que le concept d’énonciation, notamment dans le domaine anglo-saxon, a constitué le point de départ de nombreuses autres recherches qui se situent sur les frontières de la linguistique (psycholinguistique, sociolinguistique, pragmatique, ethnographie de la communication, etc.).

fonctions du langage

1

PRÉSENTATION

fonctions du langage, théorie fondée par Roman Jakobson distinguant les six fonctions de la communication linguistique : référentielle, poétique, expressive, conative, phatique et métalinguistique.

Depuis l’Antiquité, les fonctions du langage sont au centre des débats des philosophes, logiciens, grammairiens et linguistes. Il est communément admis que la fonction centrale du langage est la communication : il permet aux hommes de communiquer entre eux, d’échanger des informations. C’est ce qu’on appelle la fonction référentielle. Cependant, il existe de nombreux cas de figure où le langage est employé à d’autres fins.

2

LES FONCTIONS DU LANGAGE SELON JAKOBSON

Aujourd’hui, les travaux les plus importants concernant les fonctions du langage ont été réalisés par le linguiste Roman Jakobson, qui s’est appuyé sur les travaux du psychologue Karl Bühler (1879–1963). Jakobson, dans ses Essais de linguistique générale (1963 et 1973), démontre que la plupart des actes de langage mettent en œuvre six facteurs : un émetteur (ou locuteur / destinateur) qui transmet un message à un récepteur (ou destinataire) dans un contexte, selon un code qui est commun à l’émetteur et au récepteur et par le biais d’un canal (ou contact) qui établit et maintient la communication (la parole ou l’écrit). Par ailleurs, il distingue six fonctions : référentielle, poétique, expressive, conative, phatique et métalinguistique.

2.1

La fonction référentielle

La fonction référentielle, appelée également dénotative ou cognitive (Voir aussi dénotation et connotation), permet de parler de toutes les réalités de l’univers (réalités extra-linguistiques), qu’il s’agisse d’objets concrets ou d’idées abstraites, d’actions, de qualités ou qu’il s’agisse de réalités ou de concepts imaginaires. Le mot renvoie à un référent (la chose nommée), ce qui se traduit dans la théorie de Ferdinand de Saussure par l’opposition signifiant / signifié.

2.2

La fonction poétique

La fonction poétique accorde une importance particulière à l’aspect « esthétique » du message transmis. Elle utilise des procédés qui permettent de mettre le langage lui-même en valeur et cela aussi bien dans des œuvres en vers que des œuvres en prose. Jakobson parle d’« accent mis sur le message pour son propre compte ».

2.3

La fonction expressive

La fonction expressive centre le message sur le locuteur qui cherche à exprimer ses sentiments. C’est ce qui distingue par exemple une phrase exclamative telle que Il fait chaud ! d’une phrase déclarative telle que Il fait chaud. Dans le premier cas, le locuteur est impliqué dans le message, il a sans doute lui-même chaud. Le second message est lui une simple déclaration, constatation, un renvoi à une réalité.

2.4

La fonction conative

La fonction conative (appelé aussi fonction impérative ou injonctive) centre le message sur le destinataire. Le locuteur cherche à produire un effet sur son interlocuteur : obtenir quelque chose de lui (dans le cas d’un ordre, par exemple) ou l’impliquer (lorsqu’on l’appelle, par exemple). Cette fonction est essentiellement représentée par l’emploi de l’impératif et du vocatif.

2.5

La fonction phatique

La fonction phatique est celle qui permet d’établir, de maintenir ou d’interrompre le contact entre deux interlocuteurs. Le message n’a pas de contenu informationnel, il ne renvoie à aucune réalité extra-linguistique. Généralement très présente à l’oral (allô ?, n’est-ce pas, euh, etc.), on peut la retrouver à l’écrit. Ainsi des textes tels que les sommaires, les index, voire les titres servent de lien entre l’auteur et le lecteur.

2.6

La fonction métalinguistique

La fonction métalinguistique est celle qui centre le message sur la langue elle-même en prenant le code utilisé comme objet de description. L’émetteur au travers d’expressions telles que c’est-à-dire, en d’autres termes, ce qui signifie, etc. se livre à une analyse du discours.

3

LES LIMITES DE L’ANALYSE DE JAKOBSON

Cependant, l’analyse de Jakobson, aussi détaillée soit-elle, pose un certain nombre de problèmes que beaucoup de linguistes n’ont pas manqué de relever. En effet, les fonctions, en apparence bien délimitées, ne le sont pas aussi clairement dans la réalité. Comment, par exemple, faire la part entre la fonction poétique et la fonction référentielle dans un poème ? Les poètes s’attachent certes à l’aspect esthétique de leur œuvre, mais la fonction référentielle est le plus souvent fortement présente. Par ailleurs, une phrase telle que Écoutez bien relève-t-elle plutôt de la fonction phatique ou de la fonction conative ? Aussi, malgré les découvertes de Jakobson, l’étude sur les fonctions du langage reste un grand champ d’investigation.

sémantique

1

PRÉSENTATION

sémantique (du grec semantikos, « qui signifie, qui indique »), étude du sens, envisagé comme la relation de signification qui unit les mots aux choses, ou comme la relation existant entre les signes et leurs utilisateurs.

Le mot de sémantique a été créé au XIXe siècle par le linguiste français Michel Bréal, qui l'entendait de façon très générale, comme une science de la signification, et il correspond en fait à des domaines de recherche divers selon que l'on conçoit la sémantique comme l'étude du sens en général, ou qu'on la conçoit comme une discipline traitant de la question du sens des mots et des expressions linguistiques. Des questions comme celle du rapport entre les signes linguistiques et les choses ou les faits qu'ils désignent, celle de la référence des expressions linguistiques (voir référence) et enfin celle de la signification des énoncés, relèvent de la sémantique. La sémantique s'efforce de répondre à des questions comme « quel est le sens du mot X ? », « que signifie X ? », non pas en disant « X signifie x », ce que tout locuteur parlant la langue dans laquelle X existe est capable de faire, mais en étudiant la manière dont les signes réfèrent à des choses extra-linguistiques et s'opposent entre eux au sein du système d'une langue donnée. Quand la sémantique traite des rapports entre les signes et leurs utilisateurs, elle formule des théories concernant le sens, sa transmission et sa compréhension.

La sémantique peut être abordée d'un point de vue logique, d'un point de vue philosophique ou d'un point de vue linguistique, sans que, d'ailleurs, ces points de vue soient exclusifs ni s'ignorent les uns les autres. C'est essentiellement la question de la valeur de vérité des expressions linguistiques qui a inspiré les recherches en logique. La sémantique d'inspiration logique a analysé, entre autres, les problèmes posés par les expressions de sens différent qui désignent le même référent comme par exemple « le vainqueur de Iéna » et « le vaincu de Waterloo », qui réfèrent toutes deux à Napoléon, mais ne le décrivent pas de la même façon. Dans la perspective d'une sémantique linguistique, on a étudié les relations de sens entre les différents signes d'un système linguistique donné. Partant du principe que le sens d'une unité linguistique peut être décrit à l'aide d'un ensemble de traits sémantiques (par exemple, un mot comme « femme » peut être décrit à l'aide des traits « être animé, humain, de sexe féminin, adulte », par opposition à « jeune fille », dont la description sémantique ne comportera pas le trait « adulte »), les linguistes postulent que le sens peut être décrit en termes d'opposition de traits.

Les diverses approches sémantiques ont eu des applications dans d'autres domaines, comme celui notamment de l'anthropologie. Des anthropologues ont étudié les traits spécifiques d'une culture donnée en se référant à la sémantique descriptive. Leurs recherches sur les systèmes de classification dans les cultures non occidentales, par exemple sur la façon dont certaines cultures décrivaient le spectre des couleurs, ont été utilisées par la sémantique. Les psychologues s'intéressent aux recherches de sémantique théorique qui visent à décrire les processus mentaux de la compréhension et à identifier la façon dont les individus acquièrent le sens (ainsi que le son et la structure).

2

ORIGINES DES RECHERCHES SÉMANTIQUES EN PHILOSOPHIE ET EN LOGIQUE

Bertrand Russell

THE BETTMANN ARCHIVE/Corbis

En 1910, le mathématicien, logicien et philosophe britannique Bertrand Russell publia les Principia Mathematica, écrits en collaboration avec Alfred North Whitehead. Ces travaux sur la logique mathématique, qui fournissaient notamment une langue symbolique élaborée de manière à éviter les ambiguïtés de la langue courante, influencèrent le groupe de philosophes connu sous le nom de Cercle de Vienne et dont les travaux ont fondé le positivisme logique (voir Analytique et linguistique, philosophie).

2.1

Travaux logiques

Rudolf Carnap

UPI/Corbis

Le philosophe allemand Rudolf Carnap, qui fut l'un des chefs de file du Cercle de Vienne, apporta une contribution essentielle à la sémantique philosophique en élaborant une logique symbolique qui utilisait une notation mathématique pour indiquer de façon non ambiguë ce que les signes désignent et que le langage ordinaire indique de façon équivoque. Ainsi, la logique symbolique est en elle-même une langue, et plus précisément une métalangue, c'est-à-dire une langue formelle utilisée pour décrire un langage-objet, c'est-à-dire une langue qui est l'objet d'une étude sémantique donnée.

La description d'un langage-objet par une métalangue est désignée sous le nom de sémiotique de cette langue. La sémiotique d'une langue comporte une dimension sémantique, qui prend en compte la manière dont les signes (qu'il s'agisse de mots, d'expressions ou de phrases) désignent des choses, une dimension pragmatique, qui traite des relations entre les locuteurs et les signes et une dimension syntaxique.

Chaque signe interprété par cette sémiotique doit répondre à une condition de vérité, c'est-à-dire à une condition qui doit être remplie pour que le signe soit considéré comme vrai. Le sens d'un signe correspond à ce qu'il désigne quand la condition de vérité est remplie. Par exemple, l'expression « la lune est sphérique » peut être comprise par n'importe qui connaissant le français, mais cela ne signifie pas pour autant qu'elle soit vraie. Elle ne l'est que si la chose à laquelle elle se rapporte — la lune — est bien sphérique. Pour déterminer la valeur de vérité de l'expression, il est nécessaire d'observer la lune elle-même.

2.2

Sémantique des actes de parole

Ludwig Wittgenstein

Keystone Pressedienst GmbH

La logique de la philosophie positiviste logique représente une tentative pour atteindre le sens par la vérifiabilité empirique des signes, c'est-à-dire par la capacité de confirmer la vérité du signe en observant le monde réel. Cette approche du sens a été critiquée par Wittgenstein, qui a remarqué que tous les signes ne désignent pas des choses du monde, et qu'ils ne sont pas non plus tous analysables en termes de valeurs de vérité. Dans son approche de la sémantique philosophique, les règles du sens se révèlent dans l'utilisation du discours.

Les théories actuelles de la sémantique dite « des actes de langage » proviennent entre autre de ces observations de Wittgenstein. J.L. Austin, l'un des initiateurs de la philosophie dite du langage ordinaire, a avancé qu'en parlant, une personne accomplit un acte, ou une action verbale (comme déclarer, promettre ou s'excuser), et que le sens d'une expression réside dans l'acte qu'elle accomplit (voir acte de langage). Le philosophe américain John R. Searle a développé les théories d'Austin en insistant sur la nécessité de relier les fonctions des signes et des expressions à leur contexte social. Searle a ainsi distingué dans tout acte de langage une valeur locutoire, puisque toute parole est un acte de langage, une valeur illocutoire, parce que certains actes, comme promettre ou commander, ne peuvent être accomplis qu'au moyen de la parole et une valeur dite « perlocutoire » et qui désigne l'effet produit — sur l'interlocuteur — par tout acte de langage.

Tout ce qui s'est développé par la suite dans le domaine de la sémantique philosophique a été lié à la distinction entre la sémantique des conditions de vérité et la sémantique des actes de parole. Certains critiques de la théorie des actes de parole pensent qu'elle ne traite que de la signification dans la communication (par opposition à la signification dans le langage) et qu'elle relève, donc, de la seule dimension pragmatique de la sémiotique du langage. En ce sens, elle se rapporterait aux signes et au savoir sur le monde partagé par les interlocuteurs, plutôt qu'aux signes et à leurs désignations (dimension sémantique) ou aux relations formelles entre les signes (dimension syntaxique). Si l'on estime que la sémantique devrait se limiter à l'attribution d'interprétations aux signes eux-mêmes — indépendamment du locuteur et du destinataire —, alors il n'y a pas de sémantique des actes de langage, mais seulement une pragmatique.

3

APPROCHES LINGUISTIQUES

3.1

Sémantique componentielle

Claude Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss est un des penseurs majeurs du xxe siècle. Il est l’un des principaux représentants du structuralisme et a étendu le concept de structure de la linguistique à l’anthropologie puis aux sciences humaines en général.

Phillipe Caron/Corbis

La sémantique linguistique examine le sens des signes à l'intérieur du système d'une langue donnée. L'analyse sémantique dite « componentielle, » parce qu'elle postule que le sens peut être décomposé en traits, vise à déterminer comment les signes d'une langue — en l'occurrence les mots conçus comme des éléments de vocabulaire et appelés lexèmes — sont reliés aux perceptions et aux pensées des utilisateurs de cette langue. Une des hypothèses de départ de la sémantique componentielle est que les catégories linguistiques influencent ou déterminent la façon dont les individus voient le monde. Cette hypothèse a notamment été formulée, à l'origine, par l'ethnolinguiste américain Benjamin Lee Whorf. Dans l'analyse componentielle, les lexèmes sont regroupés en domaines sémantiques, comparables à ceux utilisés dans les descriptions lexicographiques (par exemple, navigation, physique, biologie, culinaire), à l'intérieur desquels les lexèmes s'interdéfinissent. Un domaine sémantique se caractérise d'une part, par le fait que les lexèmes qui en font partie possèdent des traits sémantiques distinctifs permettant de les différencier les uns des autres, et, d'autre part, par le fait qu'ils possèdent des traits communs. Dans un domaine sémantique donné, comme par exemple celui des sièges, il est possible d'établir des distinctions entre les lexèmes « chaise », « fauteuil », « tabouret » et « banc », en fonction du nombre de personnes qui peuvent s'y asseoir et de la présence ou non d'un dossier. Tous ces lexèmes ont, par ailleurs, en commun le trait sémantique « objet destiné à s'asseoir ».

L'ambition de la sémantique componentielle est de parvenir à identifier un ensemble de traits sémantiques universels, dont il serait possible de tirer les divers ensembles de traits qui caractérisent les différentes langues. Cette idée de traits sémantiques universels a été appliquée par Claude Lévi-Strauss à l'analyse du système des relations de parenté dans plusieurs cultures. Lévi-Strauss a montré que les individus organisent leurs sociétés et y déterminent leur place selon des formes qui possèdent des similitudes sous-jacentes remarquables, malgré leurs différences apparentes.

3.2

Sémantique théorique

Noam Chomsky

Archive Photos

Dans la perspective de la grammaire générative, illustrée notamment par les thèses de Noam Chomsky, la sémantique a été initialement conçue comme une dimension que la description générativiste ne devait pas prendre en compte. Mais le sens n'en était pas moins conçu comme faisant partie de la compétence linguistique, c'est-à-dire du savoir sur la langue que chaque être humain possède. Une grammaire générative, visant en tant que telle à donner un modèle de la compétence linguistique, a une composante phonologique, une composante syntaxique et une composante sémantique. Dans la mesure où elle s'intègre à la théorie générative du sens, la composante sémantique est élaborée comme un système de règles qui déterminent le sens à donner aux signes. Une phrase comme « d'incolores idées vertes dorment furieusement » bien qu'étant grammaticale, est dépourvue de sens. Les règles de génération du sens doivent également rendre compte des phénomènes d'ambiguïté et rendre compte du fait qu'une phrase comme « Voler comporte des risques » peut avoir deux interprétations différentes.

La sémantique générative vise à expliquer pourquoi un locuteur comprendra d'emblée que « d'incolores idées vertes dorment furieusement » est un énoncé dépourvu de sens, même s'il respecte les règles de la grammaire française, ou pourquoi face à une phrase comportant deux interprétations possibles, un locuteur peut savoir quel sens lui attribuer.

La sémantique générative développe l'idée que toutes les informations nécessaires à l'interprétation sémantique d'une phrase sont contenues dans une structure dite « profonde » de la phrase, c'est-à-dire une structure sous-jacente à la structure grammaticale de surface. La structure profonde d'une phrase met en jeu des lexèmes, c'est-à-dire des mots composés de faisceaux de traits sémantiques. À la surface de la phrase (au moment où elle est énoncée), ces lexèmes apparaîtront en tant que noms, verbes, adjectifs et autres parties du discours, c'est-à-dire comme éléments de vocabulaire. Quand la phrase est formulée par le locuteur, des rôles sémantiques (tels que sujet, objet, verbe) sont assignés aux lexèmes.

La question de la différence entre la structure profonde et l'interprétation sémantique a fait l'objet d'une controverse. La plupart des spécialistes de la linguistique générative pensent qu'une grammaire devrait générer l'ensemble des expressions sémantiquement bien formées qui sont possibles dans une langue donnée, et qu'une grammaire devrait par conséquent associer une interprétation sémantique à chaque expression. Dans le cadre d'une théorie générative pourtant fondée sur la syntaxe, ce sont la structure de surface et la structure profonde qui, ensemble, déterminent l'interprétation sémantique d'une expression.

31 mai 2009

acte de langage 1 PRÉSENTATION acte de langage,

acte de langage

1

PRÉSENTATION

acte de langage, action exercée par la parole (on parle aussi, dans ce même sens, d’« acte de parole »).

2

« QUAND DIRE, C’EST FAIRE »

Selon la pragmatique, le langage ne se réduit pas à un simple code visant à exprimer la pensée et à échanger des informations. Il est également le siège où s’accomplissent des actes qui visent à modifier la réalité. Ainsi, en disant Je baptise ce bateau Queen Elizabeth (en brisant la bouteille sur la coque), je ne fais pas que parler, mais j’accomplis, en parlant, un véritable acte de baptême (à la suite de cet acte, ce navire s’appellera Queen Elizabeth). De même, lorsque le juge d’un tribunal déclare La séance est ouverte, il accomplit un véritable acte de parole, qui consiste à ouvrir la séance (la séance n’est réputée ouverte qu’à la suite de cette formule).

À côté de ces actes de parole qui, pour s’accomplir, nécessitent un contexte social approprié, il existe toute une série d’actes, dits « ordinaires », que le langage accomplit sans exiger des conditions aussi spécifiques. Ainsi, en proférant Je t’ordonne de te taire ou Quelle heure est-il ?, j’accomplis, par le fait même de dire, des actes réels (ordre, question), qui prétendent influer sur mon interlocuteur en l’amenant à faire ou à dire quelque chose.

3

LES DIFFÉRENTS TYPES D’ÉNONCÉS

3.1

Performatif vs constatif

C’est le philosophe anglais J. L. Austin qui, le premier, a introduit la notion d’acte de langage. Au départ, Austin distingue deux types d’énoncés affirmatifs :

— les constatifs, qui décrivent le monde, et peuvent, par conséquent, recevoir la sanction vrai / faux :

(1)

La Terre

est ronde.

— les performatifs, qui ne décrivent rien (et ne peuvent donc pas recevoir une valeur de vérité), mais accomplissent une action :

(2) Je te promets de venir.

3.2

Performatif explicite vs performatif implicite

Au cours de sa réflexion, Austin s’est aperçu qu’à côté des performatifs explicites comme (2), il existe des performatifs implicites. Un énoncé comme (3) :

(3) Je viendrai.

peut être compris comme une promesse, qui ne se distingue alors de (2) que par le caractère implicite de l’acte de promesse accompli.

Parallèlement, proférer (1), ce n’est pas simplement rapporter un fait, mais aussi affirmer la réalité de ce fait. Or, l’affirmation est aussi une action qui engage la responsabilité du locuteur. L’énoncé (1) est en effet comparable à (4) :

(4) J’affirme que la terre est ronde.

Cela signifie que les énoncés constatifs accomplissent également des actes de langage. La distinction entre performatif et constatif n’étant plus aussi tranchée, Austin se propose de l’abandonner en profit d’une théorie générale des actes de langage.

4

LES ACTES LOCUTOIRE, ILLOCUTOIRE ET PERLOCUTOIRE

Dans le cadre de la théorie des actes de langage, Austin distingue trois types d’actes accomplis grâce au langage :

— un acte locutoire, qui correspond au fait de dire, dans le sens de produire de la parole (en articulant et en combinant des sons et des mots selon les règles de la grammaire) ;

— un acte illocutoire que l’on accomplit en disant quelque chose : j’accomplis un acte de promesse en disant Je promets, de questionnement en employant une interrogative, d’ordre en employant un impératif, etc. ;

— un acte perlocutoire qui correspond à l’effet produit sur l’interlocuteur par l’acte illocutoire. En posant une question, je peux m’attendre, au niveau perlocutoire, à toute une série de réactions possibles : je peux, par exemple, obtenir la réponse demandée, mais aussi une non-réponse, une contestation de la part de l’interlocuteur sur mon droit de lui poser des questions, etc.

La notion d’acte de langage est une notion centrale qui a donné naissance à la pragmatique. Depuis J. L. Austin, elle n’a pas cessé de susciter relectures et commentaires, à la fois chez les philosophes du langage (notamment J. R. Searle, disciple d’Austin), et chez certains linguistes, parmi lesquels il convient de citer Émile Benveniste et Oswald Ducrot.

communication

1

PRÉSENTATION

communication, dans un sens large, toute opération de transfert ou d’échange d’informations entre un « émetteur » et un « récepteur ».

Dans ce sens, la communication ne se réduit pas à l’échange verbal, puisqu’il existe bien d’autres systèmes de communication, aussi bien humains (l’écriture Braille, la signalisation routière, les cartes, etc.), que non humains (par exemple, la danse des abeilles).

Quel que soit le type de communication, le transfert d’informations n’est possible que si émetteur et récepteur partagent, au moins partiellement, le code (c’est-à-dire le système de signes) dans lequel a été transcrit le message.

2

DIFFÉRENTS TYPES DE COMMUNICATION

Telle qu’elle vient d’être définie, la communication constitue un phénomène omniprésent, que l’on rencontre chez tous les organismes vivants. Par exemple, les différents signaux (olfactifs, sonores, visuels) que les animaux émettent (pour protéger leur territoire, échanger des informations concernant les sources de nourriture, rechercher un partenaire sexuel, etc.) seront considérés comme étant des manifestations de la communication animale.

Chez l’Homme, la communication ne se réduit pas non plus à des échanges verbaux, puisque, en dehors même de la langue des signes, nous émettons et recevons sans cesse, entre autres, des signaux visuels (postures, gestes, mimiques) et tactiles (les différents touchers, de la poignée de main aux caresses amoureuses). Ces signaux peuvent remplacer certains énoncés verbaux, mais peuvent aussi les accompagner ou les illustrer (comme dans les gestes illustratifs : « un poisson gros comme ça »), voire les contredire (par exemple dans certains types d’ironie).

3

LA COMMUNICATION LINGUISTIQUE

La communication verbale, capacité spécifique de l’espèce humaine, est le mode principal de communication entre les hommes, et utilise le langage naturel.

Elle peut être définie par un certain nombre de caractéristiques. En premier lieu, elle suppose chez les interlocuteurs un équipement anatomique (un appareil vocal et un appareil auditif, constitués d’un certain nombre d’organes périphériques) et, surtout, un équipement neurophysiologique particulier.

C’est cet équipement qui donne au langage naturel sa caractéristique principale, à savoir sa nature articulée. Selon beaucoup de linguistes, cette caractéristique permet de distinguer le langage humain de la communication animale, dans la mesure où seul le premier utilise des unités articulées entre elles : les phonèmes (les plus petites unités distinctives) et les morphèmes (ou monèmes, c’est-à-dire les plus petites unités porteuses de sens). La double articulation du langage naturel permet ainsi de distinguer la communication verbale de tous les autres types de communication.

4

LE SCHÉMA DE COMMUNICATION SELON JAKOBSON

Les premières théories de la communication ont été élaborées au milieu du xxe siècle par des ingénieurs américains qui cherchaient des solutions aux problèmes techniques liés à la perte d’informations (notamment lors de la transmission télégraphique).

Les modélisations qu’ils ont proposées, de portée très générale, ont inspiré plusieurs linguistes, dont Roman Jakobson qui a proposé le schéma de communication le plus simple et le plus connu :

Dans ce schéma, on peut identifier un destinateur (émetteur) qui émet un message à un destinataire (récepteur). Le message est transmis grâce à l’existence d’un code (la langue) partagé par les deux participants qui, pour qu’il y ait transmission d’informations, doivent obligatoirement entrer en contact (un contact qui suppose une connexion physique et psychologique). L’ensemble s’inscrit dans un contexte (verbal ou susceptible d’être verbalisé) (Voir aussi fonctions du langage).

connecteur

1

PRÉSENTATION

connecteur, notion d’origine logique qui désigne en linguistique tout élément servant à relier entre elles des propositions, ou, plus généralement, des séquences textuelles.

2

DÉFINITION

Il s’agit d’unités lexicales appartenant à diverses catégories grammaticales : conjonctions de coordination (et, mais, etc.) et de subordination (parce que, puisque, etc.) ; adverbes (alors, finalement) ; groupes prépositionnels (d’une part, en tout cas, etc.). Ces unités ont pour point commun de ne pas faire partie intégrante des propositions, et de contribuer à la structuration d’un texte en établissant toutes sortes de liens logico-sémantiques entre ses séquences, ce qui permet de les regrouper au sein de la classe des connecteurs.

En reliant des propositions ou des séquences textuelles, le connecteur permet d’expliciter la relation qui s’établit entre elles. Dans une phrase comme Je pense, donc je suis, le connecteur donc marque une relation de consécution.

3

CLASSEMENT DES CONNECTEURS

On propose pour les connecteurs plusieurs classifications concurrentes, qui varient sensiblement d’un travail à l’autre.

3.1

Classifications de type fonctionnel

Certaines se fondent sur un critère fonctionnel, en opposant deux classes de connecteurs selon le rôle qu’ils jouent : d’une part, ceux qui jouent un rôle dans l’exposition, comme les connecteurs rhétoriques (d’abord, ensuite, enfin, d’une part, d’autre part, etc.) et les connecteurs métatextuels (voir ci-dessous, ci-dessus, ci-joint, etc.) ; d’autre part, les connecteurs qui jouent un rôle dans la démonstration et l’argumentation (en effet, en revanche, ainsi, etc.).

3.2

Classifications de type logico-sémantique

D’autres classifications se fondent plutôt sur le type de lien logico-sémantique qui s’établit entre les propositions. Là aussi, les listes établies diffèrent sensiblement selon les auteurs. On peut, à titre d’illustration, en présenter les principales classes généralement distinguées :

— les connecteurs temporels, qui s’emploient principalement pour marquer l’organisation chronologique des événements décrits : et, puis, alors, ensuite, etc.

— les connecteurs spatiaux, qui marquent la localisation spatiale : ici, en bas, à gauche, etc.

— les connecteurs argumentatifs, qui explicitent les liens logico-sémantiques entre les séquences textuelles. Ces liens sont de différents types : ils peuvent exprimer l’opposition ou la concession (mais, pourtant, quand même, etc.), l’explication et / ou la justification (car, parce que, puisque, etc.), la conclusion (donc, aussi, ainsi, etc.), etc.

— les connecteurs énumératifs, qui permettent de recenser une série d’éléments (d’abord, ensuite, enfin, et, ou, aussi, également, de même, etc.)

— les connecteurs de reformulation, qui indiquent la reprise de ce qui a été dit précédemment (autrement dit, en un mot, en somme, en résumé, etc.).

Il convient de préciser que ces classifications sont loin d’être étanches, puisqu’un même connecteur peut se ranger dans plusieurs classes sémantiques. C’est que la valeur exacte d’un connecteur est en grande partie déterminée par le type de texte où il est employé. Par exemple, le connecteur alors joue un rôle conclusif (analogue à donc) dans un texte argumentatif, et un rôle chronologique dans un texte narratif.

Cours de linguistique générale [Ferdinand de Saussure]

Cours de linguistique générale [Ferdinand de Saussure], ouvrage publié par C. Bally et A. Séchehaye en 1916, qui constitue une recomposition synthétique de l’enseignement de Ferdinand de Saussure à l’université de Genève.

Bally et Séchehaye rendent compte de la linguistique de Saussure en faisant un travail de reconstitution à partir de notes prises par ses élèves entre 1906 et 1911. Le Cours de linguistique générale s’intéresse à la notion de langue, « la langue envisagée en elle-même et pour elle-même ».

Pour exprimer la spécificité de la langue, Saussure considère celle-ci comme un système, c’est-à-dire un ensemble dont toutes les parties sont interdépendantes ; en même temps, il inaugure la notion de signe linguistique. Ce signe est composé d’un signifié (le concept) et d’un signifiant (« l’empreinte psychique du mot »). Un signifié n’existe pas sans un signifiant, et inversement ; Saussure a montré le caractère indissociable des deux éléments du signe par la célèbre image de la feuille de papier dont « on ne peut découper le recto sans en découper en même temps le verso ».

C’est sur cette notion de signe que s’échafaude toute la linguistique saussurienne. Saussure élabore ainsi les unités de phonème, de morphème ou encore de syntagme,et il montre comment la langue peut être appréhendée selon deux points de vue opposés, l’un synchronique et l'autre diachronique. La perspective synchronique étudie la langue dans son fonctionnement effectif en un temps donné, tandis que la dimension diachronique s’intéresse à la langue dans son évolution.

On a souvent dénoncé les limites, voire l’absurdité, d’une œuvre construite à partir de notes d’élèves, mais en même temps personne n’a jamais remis en question l’importance d’une telle reconstruction qui a révélé ce qui compose les fondements de la linguistique moderne.

dénotation et connotation

1

PRÉSENTATION

dénotation et connotation, ensemble des significations premières et dérivées d’un signe linguistique.

2

LA DÉNOTATION

En philosophie du langage, la dénotation d’une unité lexicale désigne l’ensemble des objets du monde auxquels elle renvoie. Dans ce sens, la dénotation peut être identifiée à la référence. Par exemple, le mot homme dénote la classe d’objets du monde ayant la propriété d’être des hommes.

Depuis Hjelmslev, les linguistes ne posent plus généralement le problème en termes de rapports entre le signe et son éventuel référent extralinguistique, et, s’intéressant exclusivement à la constitution interne du signe, définissent la dénotation comme étant le rapport unissant un signifiant (l’expression) à son signifié (le contenu). Ce rapport de signification est supposé stable et théoriquement partagé par l’ensemble de la communauté linguistique en question. C’est donc la dénotation qui constitue le garant du contenu conceptuel du lexique d’une langue.

3

LA CONNOTATION

La connotation se définit, par opposition à la dénotation, comme l’ensemble des significations secondes et variables selon les contextes qui s’attachent aux signes linguistiques, et viennent s’ajouter à leur sens ordinaire (ou dénotatif).

Ainsi, si l’on prend le terme mère, on constate qu’à côté du sens premier qu’il dénote — « une femme qui a mis au monde un ou plusieurs enfants » —, on lui attache souvent des valeurs métaphoriques qui expliquent son emploi dans des expressions comme la mère patrie, la maison mère, etc. Ces emplois sont possibles dans la mesure où ce terme suggère — ou évoque — une série de significations secondes, de type « amour », « protection », etc., qui se superposent à son sens premier.

Il en est de même pour un terme comme nuit, qui dans son sens strict dénote l’espace de temps qui s’écoule entre le coucher et le lever du soleil, mais qui, dans certains contextes, notamment dans le langage poétique, évoque les notions de « tristesse », de « mort », ou d’« ignorance » : Dans la nuit où nous sommes tous, le savant se cogne au mur (Anatole France).

On pourrait ainsi multiplier les exemples de valeurs connotatives qui se superposent aux valeurs dénotatives des termes.

4

LES CARACTÉRISTIQUES DU LANGAGE CONNOTATIF

Contrairement au langage dénotatif, la connotation se présente comme un langage instable, à la fois sur le plan du contenu et sur celui de l’expression. Sur le plan du contenu, on constate qu’un signifiant connotatif donné n’est pas attaché au même signifié. L’effet de sens produit peut, en effet, varier considérablement d’un groupe à l’autre, voire d’un individu à l’autre. Sur le plan de l’expression, les signifiants connotatifs ne coïncident pas toujours avec les signifiants dénotatifs, puisqu’ils englobent, outre les unités lexicales, toute une série d’éléments de divers ordres.

On trouve ici des facteurs qui relèvent, par exemple, du registre de la langue. Ainsi, si les mots chien et clébard désignent le même animal, ils se chargent de sens connotatifs distincts, et peuvent ainsi nous renseigner sur l’origine sociale du locuteur et / ou sur la situation de communication.

Le sens connotatif peut être véhiculé par des facteurs phonétiques (par exemple, le ton sur lequel est prononcée une phrase apporte une information importante, qui peut être en contradiction avec le sens dénotatif) ou syntaxiques (par exemple, l’emploi d’une phrase de type *l’homme que je t’ai parlé, jugée inacceptable en français standard, nous renseigne sur le niveau culturel de son énonciateur).

D’autres éléments extralinguistiques (comme la gestuelle, les mimiques, etc.) peuvent également avoir un sens connotatif.

énonciation

1

PRÉSENTATION

énonciation, processus de production linguistique d’un énoncé par un individu donné, dans une situation de communication précise. L’énonciation s’oppose ainsi à l’énoncé comme s’oppose l’action à son résultat.

2

LES CARACTÉRISTIQUES DE L’ÉNONCIATION

Si l’étude strictement linguistique d’un énoncé peut se passer des circonstances réelles de sa production, l’étude de l’énonciation implique par définition la prise en considération d’un certain nombre de facteurs relatifs à la communication, au premier rang desquels il convient de citer :

• les acteurs de la communication, c’est-à-dire le locuteur (ou l’énonciateur) et l’allocutaire (ou le destinataire) ;
• la portion du temps chronologique où a lieu l’acte d’énonciation ;
• le lieu spécifique où se situent les acteurs de la communication ;
• plus généralement, tout élément dont la présence dans la situation de communication est considérée comme pertinent dans le processus d’énonciation.

La prise en compte de ces différents facteurs ouvre de nouvelles perspectives de recherche pour la linguistique.

3

QUELQUES THÈMES DE RECHERCHE DE

LA LINGUISTIQUE

ÉNONCIATIVE

Comme le souligne Émile Benveniste, l’énonciation implique que le locuteur « mobilise la langue pour son compte ». Cela revient à considérer l’énonciation comme un processus individuel d’actualisation (ou de mise en action) de la langue dans une situation précise. Plusieurs linguistes, dont Benveniste et Jakobson, se sont alors intéressés à l’étude de faits de langue qui renvoient à la situation d’énonciation. On retrouve ainsi l’un des thèmes privilégiés de la linguistique énonciative, à savoir l’étude des embrayeurs, c’est-à-dire la classe des éléments linguistiques qui, tout en appartenant à la langue, nécessitent, pour être interprétés, la prise en compte de la situation d’énonciation (les pronoms personnels je et tu, les adverbes déictiques temporels et spatiaux de type maintenant, aujourd’hui, ici, à côté, etc.). Cet axe de recherche s’est développé d’une manière considérable ces dernières années, et s’est montré particulièrement fécond dans les études sur la temporalité.

Un autre axe de recherche tout aussi important concerne la façon dont l’énonciateur se situe par rapport à son énoncé, à son interlocuteur, et au monde. C’est que l’énonciation ne se réduit pas à une simple transmission d’information, mais implique, entre autres, de la part du locuteur une certaine manière de présenter le contenu de son énoncé. On rencontre ici, dans la tradition française, un certain nombre de concepts énonciatifs fondamentaux, dont l’un des plus importants est sans doute la distance, plus ou moins grande, que le locuteur instaure avec son énoncé. Un énonciateur peut en effet totalement prendre en charge le contenu de son énoncé — par exemple par l’emploi du pronom personnel je, ou par l’emploi de certains verbes performatifs (voir acte de langage), etc. —, comme il peut marquer vis-à-vis de ce contenu une certaine réserve, voire un rejet total. Cette non-prise en charge peut par exemple être marquée par certains emplois du conditionnel et par l’usage des adverbes de modalité de type sans doute, peut-être, etc. Cet axe de recherche a donné naissance, ces dernières années, à l’une des théories énonciatives les plus prometteuses : la théorie polyphonique, introduite notamment par Oswald Ducrot.

Il convient enfin de préciser que le concept d’énonciation, notamment dans le domaine anglo-saxon, a constitué le point de départ de nombreuses autres recherches qui se situent sur les frontières de la linguistique (psycholinguistique, sociolinguistique, pragmatique, ethnographie de la communication, etc.).

fonctions du langage

1

PRÉSENTATION

fonctions du langage, théorie fondée par Roman Jakobson distinguant les six fonctions de la communication linguistique : référentielle, poétique, expressive, conative, phatique et métalinguistique.

Depuis l’Antiquité, les fonctions du langage sont au centre des débats des philosophes, logiciens, grammairiens et linguistes. Il est communément admis que la fonction centrale du langage est la communication : il permet aux hommes de communiquer entre eux, d’échanger des informations. C’est ce qu’on appelle la fonction référentielle. Cependant, il existe de nombreux cas de figure où le langage est employé à d’autres fins.

2

LES FONCTIONS DU LANGAGE SELON JAKOBSON

Aujourd’hui, les travaux les plus importants concernant les fonctions du langage ont été réalisés par le linguiste Roman Jakobson, qui s’est appuyé sur les travaux du psychologue Karl Bühler (1879–1963). Jakobson, dans ses Essais de linguistique générale (1963 et 1973), démontre que la plupart des actes de langage mettent en œuvre six facteurs : un émetteur (ou locuteur / destinateur) qui transmet un message à un récepteur (ou destinataire) dans un contexte, selon un code qui est commun à l’émetteur et au récepteur et par le biais d’un canal (ou contact) qui établit et maintient la communication (la parole ou l’écrit). Par ailleurs, il distingue six fonctions : référentielle, poétique, expressive, conative, phatique et métalinguistique.

2.1

La fonction référentielle

La fonction référentielle, appelée également dénotative ou cognitive (Voir aussi dénotation et connotation), permet de parler de toutes les réalités de l’univers (réalités extra-linguistiques), qu’il s’agisse d’objets concrets ou d’idées abstraites, d’actions, de qualités ou qu’il s’agisse de réalités ou de concepts imaginaires. Le mot renvoie à un référent (la chose nommée), ce qui se traduit dans la théorie de Ferdinand de Saussure par l’opposition signifiant / signifié.

2.2

La fonction poétique

La fonction poétique accorde une importance particulière à l’aspect « esthétique » du message transmis. Elle utilise des procédés qui permettent de mettre le langage lui-même en valeur et cela aussi bien dans des œuvres en vers que des œuvres en prose. Jakobson parle d’« accent mis sur le message pour son propre compte ».

2.3

La fonction expressive

La fonction expressive centre le message sur le locuteur qui cherche à exprimer ses sentiments. C’est ce qui distingue par exemple une phrase exclamative telle que Il fait chaud ! d’une phrase déclarative telle que Il fait chaud. Dans le premier cas, le locuteur est impliqué dans le message, il a sans doute lui-même chaud. Le second message est lui une simple déclaration, constatation, un renvoi à une réalité.

2.4

La fonction conative

La fonction conative (appelé aussi fonction impérative ou injonctive) centre le message sur le destinataire. Le locuteur cherche à produire un effet sur son interlocuteur : obtenir quelque chose de lui (dans le cas d’un ordre, par exemple) ou l’impliquer (lorsqu’on l’appelle, par exemple). Cette fonction est essentiellement représentée par l’emploi de l’impératif et du vocatif.

2.5

La fonction phatique

La fonction phatique est celle qui permet d’établir, de maintenir ou d’interrompre le contact entre deux interlocuteurs. Le message n’a pas de contenu informationnel, il ne renvoie à aucune réalité extra-linguistique. Généralement très présente à l’oral (allô ?, n’est-ce pas, euh, etc.), on peut la retrouver à l’écrit. Ainsi des textes tels que les sommaires, les index, voire les titres servent de lien entre l’auteur et le lecteur.

2.6

La fonction métalinguistique

La fonction métalinguistique est celle qui centre le message sur la langue elle-même en prenant le code utilisé comme objet de description. L’émetteur au travers d’expressions telles que c’est-à-dire, en d’autres termes, ce qui signifie, etc. se livre à une analyse du discours.

3

LES LIMITES DE L’ANALYSE DE JAKOBSON

Cependant, l’analyse de Jakobson, aussi détaillée soit-elle, pose un certain nombre de problèmes que beaucoup de linguistes n’ont pas manqué de relever. En effet, les fonctions, en apparence bien délimitées, ne le sont pas aussi clairement dans la réalité. Comment, par exemple, faire la part entre la fonction poétique et la fonction référentielle dans un poème ? Les poètes s’attachent certes à l’aspect esthétique de leur œuvre, mais la fonction référentielle est le plus souvent fortement présente. Par ailleurs, une phrase telle que Écoutez bien relève-t-elle plutôt de la fonction phatique ou de la fonction conative ? Aussi, malgré les découvertes de Jakobson, l’étude sur les fonctions du langage reste un grand champ d’investigation.

sémantique

1

PRÉSENTATION

sémantique (du grec semantikos, « qui signifie, qui indique »), étude du sens, envisagé comme la relation de signification qui unit les mots aux choses, ou comme la relation existant entre les signes et leurs utilisateurs.

Le mot de sémantique a été créé au XIXe siècle par le linguiste français Michel Bréal, qui l'entendait de façon très générale, comme une science de la signification, et il correspond en fait à des domaines de recherche divers selon que l'on conçoit la sémantique comme l'étude du sens en général, ou qu'on la conçoit comme une discipline traitant de la question du sens des mots et des expressions linguistiques. Des questions comme celle du rapport entre les signes linguistiques et les choses ou les faits qu'ils désignent, celle de la référence des expressions linguistiques (voir référence) et enfin celle de la signification des énoncés, relèvent de la sémantique. La sémantique s'efforce de répondre à des questions comme « quel est le sens du mot X ? », « que signifie X ? », non pas en disant « X signifie x », ce que tout locuteur parlant la langue dans laquelle X existe est capable de faire, mais en étudiant la manière dont les signes réfèrent à des choses extra-linguistiques et s'opposent entre eux au sein du système d'une langue donnée. Quand la sémantique traite des rapports entre les signes et leurs utilisateurs, elle formule des théories concernant le sens, sa transmission et sa compréhension.

La sémantique peut être abordée d'un point de vue logique, d'un point de vue philosophique ou d'un point de vue linguistique, sans que, d'ailleurs, ces points de vue soient exclusifs ni s'ignorent les uns les autres. C'est essentiellement la question de la valeur de vérité des expressions linguistiques qui a inspiré les recherches en logique. La sémantique d'inspiration logique a analysé, entre autres, les problèmes posés par les expressions de sens différent qui désignent le même référent comme par exemple « le vainqueur de Iéna » et « le vaincu de Waterloo », qui réfèrent toutes deux à Napoléon, mais ne le décrivent pas de la même façon. Dans la perspective d'une sémantique linguistique, on a étudié les relations de sens entre les différents signes d'un système linguistique donné. Partant du principe que le sens d'une unité linguistique peut être décrit à l'aide d'un ensemble de traits sémantiques (par exemple, un mot comme « femme » peut être décrit à l'aide des traits « être animé, humain, de sexe féminin, adulte », par opposition à « jeune fille », dont la description sémantique ne comportera pas le trait « adulte »), les linguistes postulent que le sens peut être décrit en termes d'opposition de traits.

Les diverses approches sémantiques ont eu des applications dans d'autres domaines, comme celui notamment de l'anthropologie. Des anthropologues ont étudié les traits spécifiques d'une culture donnée en se référant à la sémantique descriptive. Leurs recherches sur les systèmes de classification dans les cultures non occidentales, par exemple sur la façon dont certaines cultures décrivaient le spectre des couleurs, ont été utilisées par la sémantique. Les psychologues s'intéressent aux recherches de sémantique théorique qui visent à décrire les processus mentaux de la compréhension et à identifier la façon dont les individus acquièrent le sens (ainsi que le son et la structure).

2

ORIGINES DES RECHERCHES SÉMANTIQUES EN PHILOSOPHIE ET EN LOGIQUE

Bertrand Russell

THE BETTMANN ARCHIVE/Corbis

En 1910, le mathématicien, logicien et philosophe britannique Bertrand Russell publia les Principia Mathematica, écrits en collaboration avec Alfred North Whitehead. Ces travaux sur la logique mathématique, qui fournissaient notamment une langue symbolique élaborée de manière à éviter les ambiguïtés de la langue courante, influencèrent le groupe de philosophes connu sous le nom de Cercle de Vienne et dont les travaux ont fondé le positivisme logique (voir Analytique et linguistique, philosophie).

2.1

Travaux logiques

Rudolf Carnap

UPI/Corbis

Le philosophe allemand Rudolf Carnap, qui fut l'un des chefs de file du Cercle de Vienne, apporta une contribution essentielle à la sémantique philosophique en élaborant une logique symbolique qui utilisait une notation mathématique pour indiquer de façon non ambiguë ce que les signes désignent et que le langage ordinaire indique de façon équivoque. Ainsi, la logique symbolique est en elle-même une langue, et plus précisément une métalangue, c'est-à-dire une langue formelle utilisée pour décrire un langage-objet, c'est-à-dire une langue qui est l'objet d'une étude sémantique donnée.

La description d'un langage-objet par une métalangue est désignée sous le nom de sémiotique de cette langue. La sémiotique d'une langue comporte une dimension sémantique, qui prend en compte la manière dont les signes (qu'il s'agisse de mots, d'expressions ou de phrases) désignent des choses, une dimension pragmatique, qui traite des relations entre les locuteurs et les signes et une dimension syntaxique.

Chaque signe interprété par cette sémiotique doit répondre à une condition de vérité, c'est-à-dire à une condition qui doit être remplie pour que le signe soit considéré comme vrai. Le sens d'un signe correspond à ce qu'il désigne quand la condition de vérité est remplie. Par exemple, l'expression « la lune est sphérique » peut être comprise par n'importe qui connaissant le français, mais cela ne signifie pas pour autant qu'elle soit vraie. Elle ne l'est que si la chose à laquelle elle se rapporte — la lune — est bien sphérique. Pour déterminer la valeur de vérité de l'expression, il est nécessaire d'observer la lune elle-même.

2.2

Sémantique des actes de parole

Ludwig Wittgenstein

Keystone Pressedienst GmbH

La logique de la philosophie positiviste logique représente une tentative pour atteindre le sens par la vérifiabilité empirique des signes, c'est-à-dire par la capacité de confirmer la vérité du signe en observant le monde réel. Cette approche du sens a été critiquée par Wittgenstein, qui a remarqué que tous les signes ne désignent pas des choses du monde, et qu'ils ne sont pas non plus tous analysables en termes de valeurs de vérité. Dans son approche de la sémantique philosophique, les règles du sens se révèlent dans l'utilisation du discours.

Les théories actuelles de la sémantique dite « des actes de langage » proviennent entre autre de ces observations de Wittgenstein. J.L. Austin, l'un des initiateurs de la philosophie dite du langage ordinaire, a avancé qu'en parlant, une personne accomplit un acte, ou une action verbale (comme déclarer, promettre ou s'excuser), et que le sens d'une expression réside dans l'acte qu'elle accomplit (voir acte de langage). Le philosophe américain John R. Searle a développé les théories d'Austin en insistant sur la nécessité de relier les fonctions des signes et des expressions à leur contexte social. Searle a ainsi distingué dans tout acte de langage une valeur locutoire, puisque toute parole est un acte de langage, une valeur illocutoire, parce que certains actes, comme promettre ou commander, ne peuvent être accomplis qu'au moyen de la parole et une valeur dite « perlocutoire » et qui désigne l'effet produit — sur l'interlocuteur — par tout acte de langage.

Tout ce qui s'est développé par la suite dans le domaine de la sémantique philosophique a été lié à la distinction entre la sémantique des conditions de vérité et la sémantique des actes de parole. Certains critiques de la théorie des actes de parole pensent qu'elle ne traite que de la signification dans la communication (par opposition à la signification dans le langage) et qu'elle relève, donc, de la seule dimension pragmatique de la sémiotique du langage. En ce sens, elle se rapporterait aux signes et au savoir sur le monde partagé par les interlocuteurs, plutôt qu'aux signes et à leurs désignations (dimension sémantique) ou aux relations formelles entre les signes (dimension syntaxique). Si l'on estime que la sémantique devrait se limiter à l'attribution d'interprétations aux signes eux-mêmes — indépendamment du locuteur et du destinataire —, alors il n'y a pas de sémantique des actes de langage, mais seulement une pragmatique.

3

APPROCHES LINGUISTIQUES

3.1

Sémantique componentielle

Claude Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss est un des penseurs majeurs du xxe siècle. Il est l’un des principaux représentants du structuralisme et a étendu le concept de structure de la linguistique à l’anthropologie puis aux sciences humaines en général.

Phillipe Caron/Corbis

La sémantique linguistique examine le sens des signes à l'intérieur du système d'une langue donnée. L'analyse sémantique dite « componentielle, » parce qu'elle postule que le sens peut être décomposé en traits, vise à déterminer comment les signes d'une langue — en l'occurrence les mots conçus comme des éléments de vocabulaire et appelés lexèmes — sont reliés aux perceptions et aux pensées des utilisateurs de cette langue. Une des hypothèses de départ de la sémantique componentielle est que les catégories linguistiques influencent ou déterminent la façon dont les individus voient le monde. Cette hypothèse a notamment été formulée, à l'origine, par l'ethnolinguiste américain Benjamin Lee Whorf. Dans l'analyse componentielle, les lexèmes sont regroupés en domaines sémantiques, comparables à ceux utilisés dans les descriptions lexicographiques (par exemple, navigation, physique, biologie, culinaire), à l'intérieur desquels les lexèmes s'interdéfinissent. Un domaine sémantique se caractérise d'une part, par le fait que les lexèmes qui en font partie possèdent des traits sémantiques distinctifs permettant de les différencier les uns des autres, et, d'autre part, par le fait qu'ils possèdent des traits communs. Dans un domaine sémantique donné, comme par exemple celui des sièges, il est possible d'établir des distinctions entre les lexèmes « chaise », « fauteuil », « tabouret » et « banc », en fonction du nombre de personnes qui peuvent s'y asseoir et de la présence ou non d'un dossier. Tous ces lexèmes ont, par ailleurs, en commun le trait sémantique « objet destiné à s'asseoir ».

L'ambition de la sémantique componentielle est de parvenir à identifier un ensemble de traits sémantiques universels, dont il serait possible de tirer les divers ensembles de traits qui caractérisent les différentes langues. Cette idée de traits sémantiques universels a été appliquée par Claude Lévi-Strauss à l'analyse du système des relations de parenté dans plusieurs cultures. Lévi-Strauss a montré que les individus organisent leurs sociétés et y déterminent leur place selon des formes qui possèdent des similitudes sous-jacentes remarquables, malgré leurs différences apparentes.

3.2

Sémantique théorique

Noam Chomsky

Archive Photos

Dans la perspective de la grammaire générative, illustrée notamment par les thèses de Noam Chomsky, la sémantique a été initialement conçue comme une dimension que la description générativiste ne devait pas prendre en compte. Mais le sens n'en était pas moins conçu comme faisant partie de la compétence linguistique, c'est-à-dire du savoir sur la langue que chaque être humain possède. Une grammaire générative, visant en tant que telle à donner un modèle de la compétence linguistique, a une composante phonologique, une composante syntaxique et une composante sémantique. Dans la mesure où elle s'intègre à la théorie générative du sens, la composante sémantique est élaborée comme un système de règles qui déterminent le sens à donner aux signes. Une phrase comme « d'incolores idées vertes dorment furieusement » bien qu'étant grammaticale, est dépourvue de sens. Les règles de génération du sens doivent également rendre compte des phénomènes d'ambiguïté et rendre compte du fait qu'une phrase comme « Voler comporte des risques » peut avoir deux interprétations différentes.

La sémantique générative vise à expliquer pourquoi un locuteur comprendra d'emblée que « d'incolores idées vertes dorment furieusement » est un énoncé dépourvu de sens, même s'il respecte les règles de la grammaire française, ou pourquoi face à une phrase comportant deux interprétations possibles, un locuteur peut savoir quel sens lui attribuer.

La sémantique générative développe l'idée que toutes les informations nécessaires à l'interprétation sémantique d'une phrase sont contenues dans une structure dite « profonde » de la phrase, c'est-à-dire une structure sous-jacente à la structure grammaticale de surface. La structure profonde d'une phrase met en jeu des lexèmes, c'est-à-dire des mots composés de faisceaux de traits sémantiques. À la surface de la phrase (au moment où elle est énoncée), ces lexèmes apparaîtront en tant que noms, verbes, adjectifs et autres parties du discours, c'est-à-dire comme éléments de vocabulaire. Quand la phrase est formulée par le locuteur, des rôles sémantiques (tels que sujet, objet, verbe) sont assignés aux lexèmes.

La question de la différence entre la structure profonde et l'interprétation sémantique a fait l'objet d'une controverse. La plupart des spécialistes de la linguistique générative pensent qu'une grammaire devrait générer l'ensemble des expressions sémantiquement bien formées qui sont possibles dans une langue donnée, et qu'une grammaire devrait par conséquent associer une interprétation sémantique à chaque expression. Dans le cadre d'une théorie générative pourtant fondée sur la syntaxe, ce sont la structure de surface et la structure profonde qui, ensemble, déterminent l'interprétation sémantique d'une expression.

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Ganaoui Nawel
Publicité
Archives
Ganaoui Nawel
Derniers commentaires
Publicité